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modèle aux monarchies absolues de la première histoire moderne

L’organisation provinciale est encore celle de Dioclétien. Au lieu des quatre tétrarques, il y a un seul empereur ; mais la division administrative, créée par Dioclétien, subsiste. L’Empire est divisé en deux ou trois, peut-être même en quatre sections ; à leur tête sont justement les préfets du prétoire, qui, le corps de prétoriens disparu, sont devenus des grands fonctionnaires, civils et judiciaires. D’eux dépendent les vicaires ; des vicaires, les praesides ou les consulares, ou les correctores. Mais le nombre des provinces dans lequel l’Empire est partagé semble avoir été encore augmenté, et pour les mêmes raisons, qui avaient amené Dioclétien à sa réforme des provinces.

Pendant ce temps, que sont devenus les vieilles magistratures et le sénat romain ? Rome conserve encore son Sénat, ses consuls, ses prêteurs, ses édiles et tribuns. Mais ces glorieuses magistratures ne sont presque plus que des charges municipales. L’organisation de l’armée reste celle de Dioclétien, mais avec des réformes qui, en partie, en exagèrent, en partie en dénaturent le caractère originaire. Les effectifs de chaque légion continuent à être réduits ; le commandement militaire est nettement distingué du civil ; même celui de la cavalerie est séparé de celui de l’infanterie, comme la direction du service des vivres et de la solde, de celui du mouvement des armées. L’armée tout entière est divisée en trois grandes sections. La première est représentée par la milice palatine (domestict, protectores, scolares), qui peut être comparée à l’ancienne garde prétorienne. Elle comprend un cinquième ou un sixième de tous les effectifs ; elle forme maintenant comme une armée de réserve, et suit l’empereur dans les expéditions importantes. La seconde section est représentée par l’armée de ligne ou comitatenses, formée de citoyens et de barbares, et éparpillée en de petites garnisons dans les villes de l’intérieur. La troisième section enfin comprend les troupes de frontière (riparienses, castriciani, limitanei), recrutées surtout parmi les barbares et dans la lie de la population. Elles étaient inférieures aux comitatenses ; leur service était plus long et leur rétribution plus petite ; elles devaient rester en permanence dans des zones déterminées de la frontière, ou dans des châteaux, des forteresses, des camps retranchés. Une partie considérable de ces troupes étaient des colons de l’endroit.