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a laissé une place importante à la représentation de toutes les collectivités syriennes. C’est une voie dans laquelle on doit s’engager de plus en plus. Les Syriens nous en seront reconnaissants et ne renonceront pas à nos conseils, car ils sont les premiers à réclamer notre aide. Cela ressort, en particulier, de la belle étude qu’un Syrien des plus avertis, le docteur George Samné, vient de consacrer à l’ensemble de la question syrienne.

Le général de Lamothe a défini lui-même de la façon la plus heureuse la forme à adopter, en donnant des instructions dans lesquelles on relève l’indication suivante : « Vous éviterez de vouloir devenir le maître qui ordonne et qui contrôle et, sans rien abdiquer de la dignité et de la fermeté nécessaires, vous apparaîtrez plutôt comme le bon conseiller qui convainc et dont les avis sont avantageux à suivre. »

Au point de vue administratif, nos intentions d’ensemble sont suffisamment définies par ce qui précède. Pour leur application vis-à-vis de chacun des Gouvernements et territoires existants, il suffit de rappeler brièvement le programme de travail qui leur a été donné par le Haut-Commissaire, et dont le développement ne peut que leur être favorable.

Notre préoccupation dominante sera de créer avant tout l’équilibre budgétaire, en mettant en harmonie avec les ressources les dépenses d’administration, de travaux publics, d’améliorations économiques, d’hygiène et d’enseignement et, dans une certaine mesure, les dépenses d’ordre militaire. Cependant, la secousse de la guerre est trop proche encore pour que le pays ait pu s’en relever déjà et que l’aide de la France ne soit pas indispensable.

Que l’on n’invoque pas l’exemple de l’émir Feyçal, qui percevait, il est vrai, d’importantes taxes sur le pays, surtout, pour l’organisation de son armée. Car il ne faut pas oublier que les impôts du régime feyçalien étaient loin de pouvoir faire vivre la Syrie, puisque Feyçal lui-même recevait une très importante mensualité, versée par moitié par la France et par l’Angleterre.

Le concours financier de la puissance mandataire devra évidemment continuer à s’exercer au début vis-à-vis des États. Il aura lieu sous forme de subventions pour permettre de rétablir l’équilibre, étant entendu que, dans ce domaine comme dans les