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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

mière place ; les cotonnades représentent d’autre part un tiers environ de l’importation totale. Les lainages et draps français sont très recherchés. Le commerce de la soie est à peu près entièrement entre les mains d’industriels français. Les filés, les cuirs, les produits pharmaceutiques et chimiques, les articles de parfumerie, le café, le sucre, le thé, le riz, les vins et les liqueurs, sont demandés de tous les côtés. La grosse et petite quincaillerie, les matériaux de construction, chaux, ciment, chaux hydraulique, briques, les conserves alimentaires de toutes sortes, très recherchées, font à peu près complètement défaut sur le marché. Enfin, la guerre a introduit en Syrie les automobiles qui, avant 1914, y étaient complètement inconnues et qui y sont nombreuses aujourd’hui. Il y a tout à espérer de ce côté pour notre industrie nationale, mais l’importation des voitures est presque exclusivement américaine.

L’exposé des ressources de la Syrie donne déjà une idée de ce que peuvent devenir ses exportations. Elles portent surtout aujourd’hui sur les produits des petites industries existantes, huileries, savonneries, minoteries, soie, tissage, arts indigènes. Mais les récoltes donnent actuellement de très faibles parts disponibles pour l’exportation. C’est la raison principale de la faiblesse du mouvement actuel des exportations du port de Beyrouth, qui ne s’élevaient avant la guerre qu’à 50 000 tonnes de marchandises, valant environ 60 000 000 de francs. Les chiffres principaux composant cette somme sont : 28 000 000 de soie et 10 000 000 de laine. Le reste est à répartir entre les peaux, les huiles d’olive, les noyaux et les pâtes d’abricot, la réglisse et les céréales. Quant aux céréales et au coton qui sont les grands espoirs de l’avenir, ils ne figurent pas encore sur les statistiques, car l’heure des vastes moissons n’est pas encore venue.

Pour en hâter l’essor, en montrant tout ce qu’on peut attendre du développement du mouvement économique du Levant, le général Gouraud a résolu de renouveler au printemps prochain à Beyrouth l’heureuse initiative que le général Lyautey avait prise en pleine guerre, en créant au Maroc la grande foire de Casablanca. Il était frappant, en effet, de voir notre propagande commerciale très négligée jusqu’ici au Levant, alors que celle de nos rivaux et de nos ennemis était si soigneusement poursuivie. Le jour même de l’entrée du général Gouraud à Damas, on pouvait lire sur la table du grand hôtel de la ville,