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nouveau statut intervienne pour l’Église de France, dans un délai plus ou moins bref.

L’Église a donc varié dans ses ministres et leur mode de recrutement, dans sa discipline, sa hiérarchie, ses rites, dans la forme de ses sacrements. Et de même que ses dogmes se sont lentement fixés, affirmés, précisés, sous le coup de fouet de l’hérésie qui la guettait sans cesse, et que sa discipline s’est renforcée et raidie contre la tendance perpétuelle au relâchement que renferment toutes institutions humaines, son enseignement aussi a subi nombre d’évolutions et, avouons-le, connu certaines éclipses.

Les personnes un peu au courant de l’histoire religieuse savent que c’est à peine depuis 300 ans qu’existe en France la formation doctrinale actuelle : le séminaire pour les clercs, le catéchisme pour les fidèles. Il n’y avait sous Henri IV ni catéchisme, ni séminaire, et l’ignorance était grande aussi bien chez les laïques que chez les prêtres. Parmi ces derniers, plusieurs ne savaient même pas la formule de l’absolution. À Paris, dans le quartier Saint-Sulpice, M. Olier en trouva qui, devant un autel élevé à Beelzebuth, se livraient aux superstitions des sorciers.

Depuis longtemps on parlait de « dresser des séminaires ; » au concile provincial de Tours en 1583, les prélats avaient décidé qu’ils seraient établis partout « sous trois ans ; » mais, cinquante ans après, il n’y en avait encore nulle part. À Tours, justement, il n’y en eut un qu’en 1662. Un immeuble de la rue du Chardonnet devint en 1644 le séminaire officiel de la capitale ; encore le diocèse de Paris n’était-il pas propriétaire du local ; on ne songea à l’acheter qu’en 1660, cinq ans après la mort de Bourdoise, le fondateur.

Quant au peuple, privé d’instruction, il ignorait parfois jusqu’à l’existence de Dieu ; le « catéchisme, » qui date de la même époque, fut donc une nouveauté utile, un bienfait pour les pasteurs et pour le troupeau. Cet abrégé populaire de théologie, qui condensait le dogme catholique, s’adressait à une masse inculte, docile, religieuse d’instinct, qui « voulait croire » et ne savait pas au juste « ce qu’il fallait croire. » Ce petit livre parut si commode qu’il sembla devoir suffire à tout.

Comme le protestantisme affectait au même temps de s’inspirer uniquement des Écritures, que chacun pouvait entendre à