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formation de la société canadienne ; seulement, les choses y vont plus vite que chez nous, aux siècles passés.


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Le lendemain, nous avons changé de province et nous nous trouvons dans celle d’Ontario, à Ottawa, capitale du Dominion.

L’organisation politique du Canada est simple. Chaque province est indépendante, dans les limites très larges fixées par la constitution ; elle a son Parlement particulier, composé d’un Sénat et d’une Chambre, et ses ministres. A sa tête est un lieutenant-gouverneur, représentant l’Angleterre. Le Parlement fédéral, qui siège à Ottawa, comprend également un Sénat et une Chambre des communes, formés de délégués des Parlements provinciaux. La langue française et la langue anglaise y sont admises sur le pied d’égalité. Le pouvoir exécutif appartient au Conseil des ministres. A la tête du gouvernement est le gouverneur général. Le général Byng, l’ancien commandant des troupes canadiennes dans la dernière guerre, vient d’être nommé à ce poste, en remplacement du duc de Devonshire.

Comme nous l’avons déjà dit, gouverneur général et lieutenant-gouverneur n’ont qu’un pouvoir nominal. En fait, l’autonomie du Canada est complète : il ne dépend de l’Angleterre que pour les relations diplomatiques. Il est d’ailleurs représenté directement à l’étranger par des commissaires généraux, — à Paris, le très aimable et très actif M. Philippe Roy, — et peut conclure des traités de commerce particuliers. L’indépendance du Canada est telle que, s’il a pris part à la guerre, c’est de son plein gré et en vertu de son libre consentement.

L’accueil que nous avons reçu dans la province française de Québec a été partout, non seulement cordial, mais enthousiaste ; il ne le sera pas moins dans la province anglaise d’Ontario. Il est juste de remarquer que c’est bien au Canada tout entier que doit aller notre reconnaissance, car les provinces anglaises ont fait pour la France au moins autant, — proportionnellement, — que la province de Québec, au double point de vue militaire ou charitable.

Nous sommes arrivés vers midi et à la gare une très belle réception nous a été faite, tant par les membres du gouvernement que par les autorités locales. Le « chef de l’opposition » s’y trouvait aussi.