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On nous conduit sans tarder au Château-Laurier où un déjeuner est offert par les ministres.

Dès l’arrivée, nous avons senti que l’échange des idées serait désormais moins facile, car autour de nous bien peu de personnes parlent le français. Les Anglais défendent leur langue comme les Français la leur, et nous apprendrons plus tard qu’au Parlement provincial, la lutte se poursuit entre les deux langues, À ce point de vue, la législation scolaire est moins libérale dans l’Ontario que dans la province de Québec.

Après déjeuner, nous allons en grand apparat au palais du Gouvernement fédéral. C’est qu’en effet nous touchons au but même de notre voyage, qui est d’apporter au Canada les remerciements de la France et de remettre au Parlement, en témoignage de reconnaissance, le buste de Rodin.

Un peloton de lanciers rouges canadiens, montés sur de superbes chevaux, escorte les voitures et devant le Palais est une compagnie d’Écossais d’une tenue impeccable.

Le palais, — il est plus juste de dire les palais du Gouvernement, car les ministères sont groupés autour du Parlement, de part et d’autre d’une vaste place ornée de jardins, — ces palais sont construits dans le style anglais et très beaux, bien que d’aspect un peu neuf. Une telle réunion, en un même lieu, du pouvoir et de ses organes d’exécution, doit singulièrement faciliter les travaux parlementaires et hâter la solution des affaires. Ce pays bénéficie de sa jeunesse : il se développe en pleine liberté d’action et d’espace. Ce n’est plus la lente accumulation, au cours des temps, des progrès successifs ; le Canada entre de plain pied dans la vie du XXe siècle. Il est facile, dans ces conditions, d’établir des plans d’ensemble ; mais encore faut-il les réaliser ; or on retrouve partout au Canada cet esprit, ces vues larges et hardies, plongeant dans l’avenir.

La cérémonie qui va se dérouler, sera à la fois simple et d’une très belle tenue.

Quand nous entrons, toute la salle se lève et acclame la mission. Le calme rétabli, le ministre Doherty prononce un très beau discours en nous souhaitant la bienvenue.

Le maréchal répond et fait remise du buste de Rodin.

Le chef de l’opposition prend à son tour la parole, marquant ainsi que c’est tout le peuple canadien qui est en union de sympathie et d’amitié avec le peuple français.