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Jadis l’Olympe et le Parnasse
Etoient frères et bons amis[1].


A restaurer cette fraternité de l’Olympe et du Parnasse, La Fontaine travailla de son mieux. Il loua son roi, — gratuitement. Il loua les dieux, mais avec plus de profit.

Il avait commencé par les déesses, et il avait dédié à Mme de Montespan le second recueil de ses fables.


C’est de vous que mes vers attendent tout leur prix :
Il n’est beauté dans nos écrits
Dont vous ne connoissiez jusques aux moindres traces[2].


Puis ce fut le tour de celle qui supplanta Mme de Montespan, Mme de Fontange, dont l’abbé de Choisy disait qu’elle était « belle comme un ange et sotte comme un panier. » La Fontaine, il est vrai, assurait que toutes les déesses de l’Olympo l’avaient faite à leur image :


Pallas y mit son esprit si vanté,
Junon son port, et Vénus sa beauté,
Flore son teint, et les Grâces leurs grâces[3].


Maintenant, les dieux de sa vieillesse, c’étaient les Conti et les Vendôme.

Pour les Conti, les neveux du grand Condé, il a composé des dédicaces, des épitres, des épithalames. A l’aîné, Louis-Armand de Conti, il a envoyé un opuscule, intitulé : Comparaison d’Alexandre, de César et de Monsieur le Prince, qui est de sa prose la plus belle et la plus solide. De la veuve de Louis-Armand, fille de Louis XIV et de Mlle de la Vallière, il a tracé ce ravissant portrait :


Conti me parut lors mille fois plus légère
Que ne dansent au bois la nymphe et la bergère ;
L’herbe l’auroit portée ; une fleur n’auroit pas
Reçu l’empreinte de ses pas[4].


Quant au plus jeune, le prince de la Roche-sur-Yon, qui devint prince de Conti après la mort de son frère, La Fontaine

  1. Simonide préservé par les dieux.
  2. A Mme de Montespan, dédicace du livre VII des Fables.
  3. Epitre à Mme de Fontanges, v. 112 et suivants.
  4. Le Songe.