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La gazette d’abord. On est dans l’été de 1689 : les troupes françaises sont entrées dans le Palatinat et y font de grands ravages ; Spire, Worms. Oppenheim sont en flammes ; Vendôme vient de prendre un commandement dans l’armée du Rhin.


Rarement voit-on, ce me semble,
Guerre et pitié loger ensemble.
Aurions-nous des hôtes plus doux,
Si l’Allemagne entroit chez nous ?
J’aime mieux les Turcs en campagne
Que de voir nos vins de Champagne
Profanés par des Allemands :
Ces gens ont des hanaps trop grands ;
Notre nectar veut d’autres verres.
En un mot, gardez qu’en nos terres
Le chemin ne leur soit ouvert :
Ils nous pourroient prendre sans verd.


Quelques plaisanteries à l’adresse du pape Innocent XI, qui était alors fort mal vu de la cour de France. Et voici l’opinion de La Fontaine sur la Révocation de l’Edit de Nantes. Il a approuvé cette mesure avec une énergie qui nous surprend un peu, car les La Sablière étaient protestants : Mme de La Sablière s’était convertie avant la Révocation, mais sa fille Mme Muisson et son fils, Nicolas de La Sablière, avaient été forcés de se séparer de leurs enfants et de s’exiler en Angleterre. Il est vrai que La Fontaine paraît trouver que le zèle du Roi dépasse un peu la mesure.


Louis a banni de la France
L’hérétique et très sotte engeance.
Il tenta sans beaucoup d’effort
Un si grand dessein dans l’abord :
Les esprits étoient plus dociles.
Notre Roi voyant quelques villes
Sans peine à la foi se rangeant,
L’appétit lui vint en mangeant.


C’est la vérité même : les premières conversions en masse aveuglèrent Louis XIV sur les difficultés et les iniquités de son entreprise.

Abandonnant les choses de la guerre et de la politique, La Fontaine aborde, sans transition, un sujet qui le touche de