Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/472

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être on finirait par trouver à reprendre quelque sécheresse, avec une certaine raideur.

Exécuté, nous l’avons dit, chez le chanoine et librettiste, (l’un des quatre librettistes), de Harlez, l’ouvrage fut donné de nouveau la même année, à Liège toujours, dans le grand salon de l’Hôtel de Ville. « Il y eut, rapporte une feuille du temps, un tel concours de monde, que le grand vestibule et toutes les salles d’alentour furent remplies à étouffer. Tous les amateurs étaient aux anges et dans une joie inexprimable. On ne parlait dans toutes les sociétés que du Voegge di Chofontaine. » On n’en par la guère, il y a quelque trente ans, dans la société parisienne. Pourquoi n’en reparlerait-on pas aujourd’hui ? La musique légère, spirituelle, rieuse et qui fait rire, est devenue chose si rare ! Et même un peu de réalisme, voire de trivialité populaire, n’est point ici, — je veux dire dans le genre de la comédie musicale, qui s’en accommode aisément, — pour nous effaroucher. Par le style et le ton, par la nature du sujet, par la condition des personnages, enfin par les caractères ou les mœurs, le Voyage de Chaudfontaine est de la famille, comme il est de leur époque, des premiers essais de notre opéra-comique sur les théâtres de la Foire. Ne faisons pas les renchéris et ne boudons pas, d’avance, contre notre plaisir. Nous ne saurions trop recommander à M. Louis Masson, le directeur intelligent et curieux du Trianon-Lyrique, le Voyage de Chaudfontaine.


CAMILLE BELLAIGUE.