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l’observation que nous a suggérée, l’an passé, sa première assemblée. Ce serait folie d’en attendre des miracles ; ce serait sottise de ne la pas prendre au sérieux. M. Wellington Koo, dans son discours d’ouverture, et après lui M. van Karnebeek, élu président pour cette session, ont parfaitement mis en lumière l’intérêt des questions portées à l’ordre du jour. Au premier rang, était inscrite la constitution de la Cour permanente de justice internationale, dont les statuts ont été votés cette année et qui est maintenant prête à fonctionner. Il est à souhaiter que les États contractent promptement l’habitude de s’adresser à elle et de lui soumettre les petites difficultés qui s’élèvent quotidiennement entre eux. Dans la sérénité d’une Cour permanente de justice, plus encore même que dans l’assemblée générale de la Société des Nations, il peut être fait silencieusement de bonne besogne pour le maintien de la paix.

En attendant, ce n’est ni l’Assemblée, ni la Cour, c’est le Conseil de la Société qui tient actuellement dans ses mains le sort de l’Europe. M. Hymans, nommé rapporteur de l’affaire de Haute-Silésie, s’est consacré à l’étude de cette redoutable question avec la conscience dont il a déjà fait preuve dans l’affaire de Vilna. Dans son exposé préliminaire, le vicomte Ishii s’était borné à indiquer, avec une impeccable impartialité, les données essentielles du problème et à préciser le genre de mission dont le Conseil était, en cette circonstance, prié de se charger. Loin de s’approprier la thèse de M. Lloyd George, il a clairement montré, comme j’avais essayé de le faire ici, il y a quinze jours, que le Conseil ne devait agir, ni comme Cour de justice, ni comme tribunal arbitral, qu’il n’avait à rendre ni un jugement ni une sentence, et qu’il ne pouvait donner qu’un avis. Cet avis liera les membres du Conseil suprême, parce qu’ils ont bien voulu se lier eux-mêmes en déclarant d’avance qu’ils le suivraient, quel qu’il fût, mais il ne les déchargera pas de leurs responsabilités, et la vraie décision, ce seront eux qui auront à la prendre. Autrement, le traité de Versailles serait violé, et la Pologne ou l’Allemagne, suivant que l’une ou l’autre serait mécontente du résultat, aurait le droit de protester contre cette violation.

En réalité, c’est un service que le Conseil suprême, embarrassé par ses divisions persistantes, a demandé, en l’occurrence, à la Société des Nations. Aussi est-il incompréhensible que, dans la pensée de complaire à certains membres de ce Conseil, des publicistes un peu zélés aient prétendu que, si la Société ne parvenait pas à fixer, par un vote unanime, la frontière germano-polonaise de