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caveau. Alors des ouvriers, armés de leurs truelles, s’empressent de descendre, ôtent l’anneau, scellent la dalle et la garnissent de ciment. Tout est fini. Avant de quitter la vallée, nous cueillons quelques branches des saules qui ombragent la tombe et, la tristesse dans l’âme, nous reprenons lentement le chemin de Longwood, nous retournant par instants pour jeter les yeux vers cet endroit où git le corps de l’Empereur.

Nous avons appris qu’après notre sortie de la vallée, les maçons avaient continué de travailler au fond de la tombe et qu’ensuite ils avaient mis, pour la fermer au niveau du sol, des dalles qu’ils avaient encadrées d’une bordure de gazon, dont l’approche était défendue par une barrière en bois ; nous avons appris aussi que, pour garder les lieux, le gouverneur avait installé un poste de quelques hommes commandés par un officier.

Plongés dans les plus profondes réflexions, nous nous retrouvâmes à Longwood. Ce lieu, qui précédemment avait été si animé par la présence de l’Empereur, n’était plus qu’un désert. On va cherchant dans les appartements, on parcourt les jardins, on s’arrête dans les endroits qu’il fréquentait le plus, ceux où il se reposait habituellement, on croit l’apercevoir… Hélas ! ce n’est plus qu’une illusion !… On ne le voit plus à Longwood que par la pensée. Il n’est plus !… Son corps privé de vie est là-bas dans cette vallée, renfermé dans un étroit espace ombragé de quelques saules pleureurs.


SAINT-DENIS.