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spéculations sur le change et sur les marchandises, ils n’ont pas peu contribué à la cherté de la vie.

Pour remédier à la crise du logement, le gouvernement a eu recours à un moyen aussi énergique qu’arbitraire : la réquisition. Les socialistes, qui l’avaient établie, ont cédé le pouvoir aux chrétiens-sociaux ; mais la réquisition du logement a subsisté. Le propriétaire n’est plus maître de sa maison. Un appartement s’y trouve-t-il libre, il doit informer de ce miracle la commission du Wohnungsamt. Aussitôt, l’Arbeiterrat ou Conseil des ouvriers, qui est demeuré tout-puissant, procède à l’attribution du local. On m’assure qu’en ce moment trente-cinq mille personnes sont inscrites pour un gîte. Quand seront-elles pourvues ? L’Arbeiterrat a cependant pris des mesures draconiennes : chaque adulte n’a droit qu’à une pièce. Une pièce supplémentaire est attribuée par famille. Si l’on est quatre et que l’appartement comporte six pièces, on est tenu de déclarer qu’il y en a une de disponible. Qui l’Arbeiterrat y logera-t-il ? Par bonheur, il est avec la loi des accommodements. Quelques centaines de couronnes, adroitement glissées, exercent une grande influence sur la complaisance des employés de la Commission…

A voir la situation que les socialistes ont faite aux propriétaires autrichiens, combien de socialistes voudraient devenir propriétaires ? Ceux-ci n’ont le droit d’augmenter leurs loyers que si l’autorisation leur en est accordée par la Commission des logements. Il faut de longues discussions pour obtenir que le locataire paye 35, 40, 50 pour 100 de plus sur le taux d’un loyer qui, au cours qu’a atteint la couronne eu égard à l’enchérissement du reste de la vie, devrait être augmenté de deux à trois mille pour 100. Parfois la Commission est intransigeante. On me cite un propriétaire qui, pour un appartement de trois pièces, reçoit ce qu’il en touchait avant-guerre : 60 k. Par trimestre : vingt-quatre sous de notre monnaie ! Cependant, les propriétaires doivent faire les réparations indispensables et qui, obligatoirement, leur incombent. La plupart voudraient vendre, je le comprends. Ce que je comprends mieux encore, c’est que personne ne veuille acheter.

Néanmoins, ne nous hâtons pas d’envier les locataires viennois. Ils payent peu à leur propriétaire : que leur importe, si leur argent n’en sort pas moins de leur poche ? Cette année, la municipalité a frappé les locataires d’un impôt progressif. De