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Jules Ferry a prolongée, dans le Tonkin, dépendance de l’Annam, jusqu’aux frontières des trois riches provinces chinoises limitrophes, par le traité de Tien-Tsin du 11 mai 1884.

Ce traité ne fut ratifié et exécuté intégralement qu’une année plus tard, après bien des tribulations ; mais il mit fin entièrement, alors, aux conflits diplomatiques et militaires entre la France et la Chine au sujet du Tonkin, en les liant, à travers les frontières communes, par des relations commerciales également avantageuses de part et d’autre. Certes, des causes de faiblesse, de troubles et de divisions subsistent encore dans la jeune République chinoise, de fondation si récente. Cependant sa nouvelle orientation vers une ère de réformes progressives ne peut que resserrer davantage ses relations amicales avec la France, cimentées depuis par son alliance militaire dans la guerre de 1914, de manière à augmenter la sécurité et la prospérité de notre colonie tonkinoise et l’importance relative de notre principale base navale en Extrême-Orient.

Enfin, le président de la grande République américaine doit mettre en discussion, dans quelques semaines, au Congrès de Washington, les questions intéressant le maintien de la paix dans le Pacifique, — intimement liées, sans doute, dans sa pensée, là l’application à la Chine actuelle du principe de la porte ouverte entre les Puissances concourant à l’exploitation et au développement de ses ressources économiques et autres. Ce fait ne peut que nous inciter à envisager à notre tour ces questions au point de vue français.

Ayant été appelé, au cours d’une de mes nombreuses campagnes en Extrême-Orient, à jouer, accidentellement, comme commandant du croiseur Volta, un rôle diplomatique qui fut décisif, à un moment critique de notre occupation du Tonkin, j’ai tenu à le définir par quelques souvenirs anecdotiques scrupuleusement limités aux faits auxquels j’ai assisté et pris part.

Quant au récit des événements qui se sont déroulés, avant et après cette intervention diplomatique personnelle dans le traité de Tien-Tsin du 11 mai 1884, on en trouve un émouvant et complet exposé dans le beau livre, l’Affaire du Tonkin[1] de 1882 à 1885, de M. l’ambassadeur Billot, alors directeur politique au quai d’Orsay : j’ai pu juger à l’œuvre M. Billot : j’ai eu

  1. Jules Hetzel et Cie.