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dans le Nord, pour le service des douanes, afin qu’il put m’y rencontrer, à mon retour à Shanghaï d’une mission que l’amiral Lespès m’avait donnée à remplir dans les eaux de Formose.

Elle visait deux buts distincts : reconnaître les moyens de défense du port de Kélung et de ses mines de charbon, que l’on avait en vue de prendre au besoin comme gages, et m’entendre, sur les points du littoral indiqués, avec les chefs de partisans indigènes en rébellion contre le gouvernement impérial ; ils avaient, en effet, proposé à l’amiral, par des émissaires, d’opérer une diversion sur l’arrière des lignes de défense chinoises, au moment de nos attaques éventuelles sur Kélung et Tamsui, à la condition que nous leur fournissions les armes et les munitions dont ils étaient dépourvus.

Cette mission m’intéressant beaucoup, au double point de vue maritime et militaire, je m’empressai de la remplir en me dirigeant sur Kélung avec l’intention d’y charbonner.


* * *

A mon arrivée dans le port, j’y mouillai d’abord dans la rade extérieure, suivant l’usage, et j’envoyai quelques officiers, les uns pour explorer les abords des mines et les défenses locales et un autre à la direction du port, afin d’y commander des chalands de charbon, pour l’approvisionnement du Volta, à notre fournisseur habituel. Mais, ce fournisseur ayant déclaré qu’il avait reçu l’ordre du commandant du port de ne pas nous délivrer le combustible demandé, et mes officiers ayant été l’objet de manifestations hostiles de la population, tous revinrent me rendre compte de ces dispositions agressives.

Je décidai d’y couper court en réclamant énergiquement les droits du Volta de charbonner dans le port de Kélung, comme tout autre navire étranger. Pour cela, je changeai d’abord de mouillage en allant me poster, à la sonde et guidé par mes embarcations, en arrière du front de revers de la batterie casematée, où le Volta se trouvait à l’abri du tir de ses gros canons Amstrong battant uniquement le mouillage extérieur, vers le large.

J’envoyai ensuite un officier porter une protestation officielle au commandant du port, avec un ultimatum le menaçant de bombarder, le lendemain matin, le port et la ville de Kélung, si je ne recevais pas dans la journée, à mon poste actuel,