Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/787

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les chalands de charbon et les coolies que j’avais demandés pour l’approvisionnement de mon bâtiment.

En même temps, je fis prévenir les navires étrangers, qui se seraient trouvés dans le champ de tir de nos canons, en cas de bombardement, d’avoir à changer de mouillage. Ces dispositions et celles que prit ostensiblement le Volta pour son embossage, jetèrent la consternation dans la place et, l’après-midi, je vis arriver, en grand cérémonial, le commandant du port venant s’excuser de ce déplorable malentendu et m’amenant, à sa suite, les chalands de charbon demandés.

Toutefois, je jugeai prudent d’appareiller, dès que le combustible fut embarqué, pour aller rendre compte de ces incidents avant de continuer ma mission, à mon commandant en chef qui se trouvait encore à Amoy. Mais ayant reçu, de son côté, de nouvelles instructions de l’amiral Courbet qui lui faisaient prévoir des opérations navales imminentes, l’amiral Lespès, désireux de concentrer toutes les unités de sa division pour s’y préparer, me garda avec lui, heureux de mon retour accidentel, et me ramena ainsi à Shanghaï.

Ce fut peu de temps après, alors que je désirais le plus ardemment, comme tous mes officiers, l’ouverture, des hostilités, — seul moyen, pensions-nous, d’en finir avec les roueries inépuisables des négociateurs chinois, — que s’ouvrit, au contraire, pour moi, l’ère des aventures diplomatiques auxquelles j’étais loin de m’attendre.


COMMENT SE FIT LE TRAITÉ DE TIEN-TSIN (11 MAI 1884)

J’assistais, par une belle journée printanière, aux courses toujours très brillantes de Shanghaï, quand un lettré chinois me l’émit discrètement un télégramme chiffré, avec un code, en langue anglaise, pour le traduire.

Le télégramme était de Li-Hong-Tchang et le code, celui qui me servit à traduire tous les autres télégrammes que je reçus de lui, depuis, directement, même à Paris où j’avais remis ce document au Service du chiffre du quai d’Orsay, pour lui permettre de les traduire sans mon intermédiaire.

Ce premier télégramme de Li-Hong-Tchang était ainsi conçu : « L’Impératrice vous demande de monter à Tien-Tsin