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Notons que pour deux routes seulement, le chemin de fer pouvait amener les troupes jusqu’au pied des monts : à Briançon pour le Mont Genèvre, à Modane pour le Mont Cenis : de ce fait, les routes du Petit Saint-Bernard, du col de Larche et du col de Tende étaient moins intéressantes. Mais, à vrai dire, il était évident qu’on n’aurait probablement pas le choix, et qu’il faudrait s’estimer bien heureux si une ou deux seulement des voies étaient libres !

Quoi qu’il en dût être, — et, du Grand Quartier Général, on avait lancé, téléphoniquement, des demandes de renseignements sur l’état des cols, — il apparaissait que l’ensemble de l’opération devait se répartir sur deux zones : une zone Sud (passage par la Corniche et le col de Tende), une zone Nord (passage par le col de Larche, le col du Mont Genèvre et le col du Mont Cenis)[1].

Aussi deux officiers, appartenant à la direction militaire des chemins de fer, le commandant Gérard et le commandant Marchand, furent appelés d’urgence et chargés d’organiser l’enlèvement des troupes et leur acheminement vers l’Italie, l’un, le commandant Gérard, à travers la zone Nord, l’autre, le commandant Marchand, à travers la zone Sud. En même temps, le directeur des Services automobiles chargeait deux capitaines d’une tâche analogue : dans la zone Nord, le capitaine Bosquet ; dans la zone Sud, le capitaine Censelme. Convoqués au Grand Quartier, à Compiègne, ces deux officiers reçurent toutes les instructions nécessaires et filèrent immédiatement, l’un sur Modane, l’autre sur Nice.

On ne savait pas encore exactement quelle utilisation on ferait des routes, en admettant que ces routes fussent libres. Le problème était complexe : à première vue, toutefois, il paraissait difficile de faire, par la montagne, du transport de troupes, à cause du danger. Mais il y avait à ravitailler les éléments traversant les Alpes ; il y avait à assurer les mouvements de leurs bagages, qu’on savait, par expérience, représenter un tonnage très supérieur à la capacité de leurs convois à chevaux. Il fallait aussi expédier directement en Italie, en temps utile, les véhicules automobiles nécessaires tant à la base de Milan que dans la zone de concentration de l’armée

  1. On apprenait, immédiatement, que le Petit Saint-Bernard était impraticable.