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éléments, c’est-à-dire la valeur de 14 trains par jour : 6 dans la région Nord (Mont Genèvre), 8 dans la région Sud (col de Tende) ; ce nombre de 14 éléments représentait à peu près autant que la moitié du débit moyen des courants normaux, qui était de 10 trains sur Modane et 24 trains sur Vintimille. Pour les constituer, tout bien pesé, on choisit de préférence les éléments montés et en particulier l’artillerie.

Il ne nous reste plus qu’à examiner ce qui se passa dans chacune de ces deux régions.


II. — LE PASSAGE DES ALPES

Dans la zone Nord. — L’ordre avait été donné au Service automobile de la 10e armée de fournir, pour la zone Nord, 4 groupes (de 4 sections). Toutes les unités de l’armée étaient alors en plein travail. On choisit celles qui pouvaient être rameutées le plus vite ; et elles reçurent des instructions, le 29 au soir, pour être prêtes à partir le lendemain matin.

Mais une très grave question se posait : celle du matériel. Il fallait que les formations en service en Italie fussent constituées avec des véhicules de la marque Fiat, autant que possible, ou, à la rigueur, de la marque Berliet, de manière qu’on pût organiser facilement, par la suite, le ravitaillement en « rechanges, » les pièces Fiat se trouvant à Turin, les pièces Berliet à Lyon[1]. Le départ fut donc réglé de la manière suivante :

Pour chaque groupe, une section seulement partait, emmenant le personnel du groupe, et on devait prendre au passage, au Parc de Lyon, le matériel nécessaire au groupe, 80 véhicules en bon état. Le capitaine Bosquet, adjoint du commandant, Manessier, et désigné pour être régulateur dans la région Nord, en partant, le premier, vers Modane, faisait faire dans

  1. Cette question des rechanges est capitale. Le matériel automobile, en effet, ne peut être maintenu à ses effectifs normaux qu’à force d’entretien. Quand des camions travaillent, il y a, chaque soir, une moyenne d’indisponibles de 10 pour 100. Ce pourcentage n’augmentera pas, si on répare à mesure ; mais, si l’on arrêtait le service des réparations, le deuxième jour, il y aurait, au lieu de 10 pour 100, 20 pour 100 d’indisponibles, le 3e jour, 30 pour 100, etc. Les l’arcs automobiles chargés de cette lourde tâche des réparations, ne peuvent, eux-mêmes, travailler que s’ils reçoivent régulièrement, de l’arrière, les matières premières et, surtout, les pièces de rechange.