Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/843

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépannages le long de la route du Mont Genèvre avec ses lacets aux tournants brusques.

Le canton n° 2 assurait la traversée depuis Césanne jusqu’à Suse. La route, serpentant, là, au fond de la vallée, et très difficile par endroits, se rétrécissait brusquement à l’entrée d’Oulx et d’Exilés, pour devenir une ruelle pavée, étranglée entre deux files continues de maisons, juste séparées l’une de l’autre par une largeur de voiture. Le véhicule pénétrait avec grand fracas dans cette sorte de caverne sombre ; il devait la franchir sans arrêt sous peine d’interrompre tous les mouvements. A la sortie, on débouchait dans la plaine.

Enfin, le canton n° 3 avait la charge de la circulation et des ravitaillements dans la région de Pignerol.

Il était presque impossible de circuler la nuit. Les mouvements se faisaient donc pendant le jour, dans l’ordre que voici.

Tout d’abord, de grand matin, partaient les voitures légères, voitures de tourisme des quartiers généraux et voitures sanitaires : elles allaient directement à Pignerol par la route de gauche : Oulx, Exiles, Suse.

Aussitôt après, on faisait partir les camions automobiles. Arrivés à Césanne, — où se constituait un dépôt de vivres, fourrages, munitions, — certains de ces camions déposaient un jour de « vivres de route, » puis attendaient là, pour revenir, le soir, sur Briançon ; les autres camions filaient, par la route de gauche (Exiles, Suse) sur Pignerol : ils déposaient, à Pignerol, cinq jours de « vivres de chemins de fer, » et repartaient vers Césanne, par Suse : à Césanne, ils attendaient, également, le soir, pour repartir sur Briançon.

Après les convois de camions, c’est-à-dire vers 9 heures et demie du matin, on faisait partir enfin les artilleurs, qui passaient, à leur tour, le col et, à partir de Césanne (où ils touchaient un jour de vivres), empruntaient la route de droite : col de Sestrières, Pragelato, Fénestrelle, Pérouse, pour aller à Pignerol : là, ils touchaient cinq jours de vivres, et s’embarquaient sur les chemins de fer italiens.

Alors, vers le soir, tous les camions qui se trouvaient à Césanne quittaient cette ville, franchissaient le mont Genèvre de l’Est à l’Ouest, après le passage des artilleurs[1]et rentraient Ix Briançon.

  1. Le téléphone renseignait sur la situation des colonnes.