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Quelque formidables que soient nos charges, quelque invraisemblable que soit le fardeau de notre dette, la confiance renaîtra le jour où les premières ne s’accroîtront plus et où nous cesserons d’emprunter. Il faut que notre budget se balance, non pas seulement sur le papier, mais dans la réalité. Il faut que, une fois le compte prévisionnel de l’année arrêté, aucun crédit supplémentaire ne puisse être ajouté à ceux que le Parlement aura votés. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous aurons le sentiment que les efforts faits pour régler le passé ne seront pas vains, puisque l’équilibre de l’avenir sera assuré. Nous ne pourrons envisager l’amortissement des dettes de guerre qu’à partir de l’heure où nous serons certains que de nouveaux emprunts ne seront pas contractés.

Le problème est redoutable : car les chiffres en présence desquels nous nous trouvons dépassent ce que notre compréhension admettait avant 1914. Nous n’en devons pas moins aborder la tâche avec courage, persuadés que ce que nous voudrons, nous le pourrons.

Avant d’examiner le budget lui-même, réfutons une objection qui a été souvent faite et qui émane de ceux qui, sans réclamer une circulation supérieure à celle qui existe aujourd’hui, en désirent le maintien au chiffre actuel, afin d’éviter, disent-ils, une amélioration de la valeur du franc, qui résulterait d’une diminution de la quantité de billets. Or la majeure partie de ceux-ci a été créée pour faire des avances au Trésor : l’Etat, aux termes des engagements qu’il a pris, est tenu de rembourser cette dette ; l’exécution de la convention conclue avec la Banque de France a toujours été considérée comme l’un des actes essentiels de notre régénération financière.

Il est probable que la contraction de la circulation aura pour conséquence une amélioration du cours des changes, c’est-à-dire une hausse du franc par rapport aux monnaies étrangères demeurées plus ou moins saines, telles que le dollar, la livre sterling, la couronne Scandinave, le florin hollandais ; mais cette hausse n’aura sans doute pas l’allure rapide qui ramènerait le franc au pair en quelques années. Les 29 milliards de billets qui représentent les avances directes à l’Etat pour 25 milliards, et, pour 4 milliards, l’escompte fait par la Banque, sous la signature du Trésor français, d’obligations émanées de certains Trésors étrangers, ne disparaîtront que lentement : leur retrait