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raisonnement à faire est l’inverse. Plus notre change s’améliore et plus le fardeau du remboursement s’allège pour nous. Les chiffres que nous venons de donner sont en effet ceux des monnaies étrangères calculées au pair. S’il nous fallait les rembourser au change actuel, il faudrait multiplier par 2 ou par 3.

Quant à notre dette intérieure, elle se compose de 138 milliards de dette perpétuelle ou amortissable, de 90 milliards de dette flottante. Cette dernière devra être peu à peu consolidée et transformée en rente perpétuelle. Les emprunts émis pendant la guerre ne sont pas remboursables avant un délai plus ou moins long. Mais, dès que cette date sera arrivée, ils pourront être convertis, au moins en ce qui concerne les rentes 6 pour 100 et 5 pour 100, et ces conversions réaliseront dans le budget des économies considérables. C’est un point de vue qu’on a beaucoup trop négligé dans les études d’ensemble de nos finances et qui est de la plus haute importance. N’oublions pas que, à la fin du XIXe siècle, nous avions allégé, en moins de vingt ans, des deux cinquièmes le montant du service de notre dette, dont le taux descendit alors de 5 à 3 pour 100. Ces opérations seront d’autant plus aisées que le crédit du pays se sera fortifié davantage. Or, rien ne contribuera plus à cette amélioration que la hausse du franc. Dès qu’on le verra s’orienter dans le sens du retour à son ancienne valeur, les étrangers investiront des capitaux dans nos fonds nationaux, non seulement pour toucher les revenus élevés qu’ils donnent encore, mais pour profiter de la plus-value du capital, qui grossira en proportion de l’amélioration du change français.

En analysant les divers éléments de notre dette, on se rend compte que le fardeau n’en serait pas aggravé par la reprise du franc, tandis que celle-ci aurait la plus heureuse influence sur le reste de notre budget. Une grande partie des dépenses des ministères consiste dans le paiement des traitements des fonctionnaires et employés de tous grades. D’après une étude récente, le nombre n’en est pas inférieur à 733 000, et leur rémunération atteint 5 milliards de francs, c’est-à-dire une moyenne de 7 000 francs par tête, alors qu’au 1er juillet 1914 ils étaient 543 000 et coûtaient 1 154 millions, c’est-à-dire 2 000 francs par tête. L’effectif a augmenté de 40 pour 100, et les traitements de 350 pour 100. Cette dernière augmentation est presque exclusivement due à ce qu’on appelle la