Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/945

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les champs magnétiques. Les rayons cathodiques seront donc déviés par l’aimant. Cette déviation, comme la première, dépendra de la vitesse et de la masse du projectile. Seulement, elle n’en dépendra pas de la même manière. Toutes choses égales d’ailleurs, la déviation magnétique sera plus grande que la déviation électrique si la vitesse est grande. Et, en effet, la déviation magnétique est due à l’action de l’aimant sur le courant ; elle sera d’autant plus grande que le courant sera plus intense ; et le courant sera d’autant plus intense que la vitesse sera plus grande, puisque c’est le mouvement du projectile qui produit le courant. Au contraire, la trajectoire de nos petits projectiles, sous l’influence de l’attraction électrique, sera d’autant moins déviée que le projectile sera plus rapide.

On conçoit donc qu’en soumettant un rayon cathodique à l’action d’un champ électrique, puis à celle d’un champ magnétique, on puisse, en comparant les deux déviations, mesurer à la fois la vitesse du projectile et sa masse (rapportée à la charge électrique déterminée de l’électron).

On trouve ainsi des vitesses énormes allant de plusieurs dizaines de kilomètres jusqu’à 150 000 kilomètres par seconde et davantage. Quant aux rayons Bêta du radium, ils sont encore plus rapides et atteignent jusqu’à des vitesses très voisines de celle de la lumière et supérieures à 290 000 kilomètres par seconde. Voilà bien les vitesses qu’il nous faut pour voir si, oui ou non, la masse augmente avec elles.

Cela posé, et pour comprendre parfaitement la marche des expériences, il nous reste à dire quelques mots de ce curieux phénomène d’inertie électrique qu’on appelle la self-induction. Quand on veut établir un courant électrique, on éprouve une certaine résistance initiale qui cesse dès que le courant est établi ; si ensuite on veut rompre le courant, il tend à se maintenir et on a autant de mal à l’arrêter qu’à arrêter une voiture une fois lancée. L’expérience journalière peut le montrer. Quelquefois les trolleys d’un tramway quittent un instant le fil qui amène le courant ; à ce moment, on voit jaillir des étincelles. Pourquoi ? Il passait un courant qui allait du fil au trolley ; si le trolley s’éloigne un instant du fil, laissant un intervalle d’air qui est un obstacle au passage de l’électricité, le courant ne s’arrête pas pour cela, parce qu’il est lancé pour ainsi dire, il franchit l’obstacle sous forme d’étincelle. Ce