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Alliés en temps utile si l’Allemagne se ménage une insolvabilité artificielle. Ce contrôle sera certainement facilité par la centralisation financière, regrettable à tant d’autres égards, à laquelle l’Allemagne a procédé depuis l’armistice. Autrefois, l’Empire n’avait à sa disposition qu’un nombre très limité de sources de revenus, dont la plus importante était les impôts indirects. Presque toute l’administration financière était, en outre, sous l’autorité des États particuliers. C’étaient même eux qui percevaient les contributions impériales. Les douanes, par exemple, étaient administrées par les États. L’Empire se bornait à en contrôler la gestion par des commissaires spéciaux. Aujourd’hui que les Alliés se sont prêtés à l’unification de l’Empire et ont laissé proclamer la Constitution de Weimar, tout est changé. Le Reich tient les moindres fils des administrations financières ; il peut créer à sa guise toutes les ressources fiscales, et il a sous ses ordres cinquante-cinq mille fonctionnaires, employés et agents financiers, qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Ministère impérial des finances, directions régionales, services locaux, tout est à la merci de Berlin. J’entends bien que le Comité des garanties ne pourra jamais embrasser dans un contrôle efficace et continu la totalité de cette vaste administration. Il en sera réduit à surveiller surtout les actes essentiels des autorités centrales et à faire de fréquents sondages dans l’océan des Landesfinanzämter. Auprès du personnel des directions régionales, il faudra, en effet, rechercher s’il y a concordance entre les chiffres des états locaux et les chiffres fournis à Berlin. Autrement, les vérifications du Comité seraient illusoires, et les recettes réelles pourraient dépasser de beaucoup celles qu’il nous serait loisible d’enregistrer.

Le contrôle sera, sans doute, encore plus difficile à l’endroit des exportations allemandes. La formule dont se sert le protocole de Londres laisse, il est vrai, à la Commission des Réparations et, par suite, au Comité des garanties une assez grande latitude. Ni celle-là, ni celui-ci, ne sont obligés d’accepter, les yeux fermés, les statistiques présentées par le Gouvernement de Berlin. Mais que faut-il entendre, au juste, par exportations ? Et ces exportations une fois définies, comment en déterminera-t-on la valeur exacte ? Les deux questions sont moins simples qu’elles ne paraissent à première vue. Il y a en Allemagne trois manières de dresser le tableau des exportations : commerce général, commerce total propre, commerce spécial. Tout se trouverait faussé au profit du Reich si le Comité des garanties s’en tenait au commerce spécial. Les fraudes seraient, en outre,