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Hambourg, le Hamburger Echo, après avoir fait des réserves sur les procédés auxquels recourent les potentats de l’industrie, déclarait dernièrement qu’il fallait rendre hommage à l’activité qu’ils déploient, à leur puissance d’organisation, au zèle dont ils font preuve pour préparer le relèvement de l’Allemagne Ces grands consortiums distribuent d’ailleurs à leurs actionnaires de très beaux dividendes. Le consortium des industries chimiques Concordia a donné un dividende de 75 pour 100 (au lieu de 8 pour 100 l’an dernier). Les Deutsche Eisenwerke de Berlin ont donné 60 pour 100 ; l’union des sucreries du Rheingau a donné 48 pour 100. La plupart des grands cartels donnent 20, 30, 40 pour 100, et font en outre d’importantes réserves. « Les profiteurs de la guerre, écrit M. de Gerlach dans le journal Die Welt am Montag, font suite aux profiteurs de la guerre… Tout le monde sait au surplus que des millions de papier-monnaie sont dissimulés pour échapper aux impôts. Depuis la guerre, la morale fiscale, comme l’autre, est allée à tous les diables. »

Ce mouvement de concentration mérite d’autant plus de fixer notre attention que nous ne devons pas nous faire d’illusion sur le but que se proposent les grands industriels aidés par les grands financiers. Ils veulent, quelles que puissent être les difficultés présentes, que, dans quelques années, lorsque certains tassements se seront produits, l’Allemagne possède sur le terrain industriel une supériorité analogue à celle qu’elle avait en 1914 sur le terrain militaire. « Ce qui se passe aujourd’hui, écrivait M. Rathenau lui-même, avant d’être appelé au ministère, n’est que le prélude d’un grand mouvement qui nous conduira à la formation d’un organisme parfaitement agencé, où aucune force ne sera perdue ; nous ferons une part aux désirs de socialisation, mais le problème de la socialisation a peu d’importance à côté du problème de l’organisation qui doit nous per mettre d’augmenter notre puissance de travail pour l’avenir. »

Il est à peine besoin d’ajouter qu’on parle souvent du fameux Stinnes. Est-il sympathique ? Je ne voudrais pas l’affirmer, mais je peux dire que les Allemands admirent son imagination constructive et son talent d’organisation. On le considère comme l’apôtre d’une thèse nationaliste qui plaît. Le Vorwærts disait un jour de lui : « C’est un magicien ! » Il a su donner une note pangermaniste à des journaux (il en a acheté près de cent), qui étaient connus pour leur fidélité aux idées démocratiques. Les