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toire : fondée et organisée par les Allemands, elle a été réouverte après la guerre et marche actuellement sous une direction franco-chinoise ; la salle des machines dont le fonds est allemand commence à recevoir de nouvelles machines offertes par des maisons françaises : c’est là d’excellente propagande ! Voici l’École Municipale franco-chinoise dirigée par les Frères Maristes : ici encore, pleine prospérité ; les locaux sont devenus trop petits, et l’Hôte de Shanghaï doit poser la première pierre d’une nouvelle annexe.

Et le soir, c’est, au ravissant Cercle Sportif Français, rendez-vous de tout le Shanghaï élégant, que la riche colonie française recevait le Maréchal. Au champagne, le président de la Chambre de commerce, dans un toast, fait un rapprochement heureux : « Il y a vingt-deux ans, dit-il, un autre Maréchal passait ici une revue ; il était arrogant et dur ; il n’avait gagné aucune victoire ; c’était un Allemand, le maréchal de Waldersee. Aujourd’hui, voici que notre bonne fortune nous amène un autre maréchal, celui-là un vrai vainqueur, simple et bon ; et cette fois, c’est un Français ! c’est vous, monsieur le Maréchal ! »


10 mars.

Après un déjeuner offert par les Gouverneurs civil et militaire chinois de Shanghaï, le Maréchal a été reçu par la Municipalité française de la Concession. Tout le Conseil est assemblé en séance. Le Président, M. le consul-adjoint de Laprade, prononce un beau discours émouvant. Il raconte de quelle manière dramatique Shanghaï apprit la bataille de la Marne par un télégramme de notre ambassadeur en Russie, M. Paléologue, la reconnaissance des Français et des Alliés, la manifestation populaire qui le soir même donnait le nom de Joffre à une rue baptisée depuis longtemps du nom d’un médecin allemand. Il termine en priant le Maréchal d’accepter un don de 100 000 francs pour les régions dévastées françaises.

À peine rentré chez lui, le Maréchal recevait une lettre du Consul général du Portugal : « Profondément ému des larmes que j’ai vues couler tout à l’heure de vos yeux, je vous demande de vouloir bien accepter ce chèque de 40 000 francs pour aider à soulager vos pauvres et chers Français. Au Sauveur de l’Humanité, au plus grand soldat du monde, je serre affectueusement la main. »