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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/739

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Pologne : car, si aucune précaution n’était prise de ce côté, le repos de l’Europe resterait incertain et précaire.

En ce qui concerne les réparations, le Conseil suprême, contrairement aux stipulations du traité, s’était substitué en fait à la Commission des réparations pour fixer le chiffre de l’indemnité et l’état des paiements : d’où réduction de notre créance de 40 p. 100 selon les uns, de 50 p. 100 suivant les autres.

Les financiers éminents qui me font l’honneur de m’écouter, M. Ribot, M. Milliès-Lacroix, M. Chéron ont exposé avec leur indiscutable autorité notre situation économique comparée à celle de l’Allemagne et ce qu’elle deviendrait si nous n’obligions pas les Allemands à respecter leur signature. Comme le Traité n’a prévu ni le montant des réparations ni les modes de paiement, les Allemands, qui trouvent de l’argent pour s’enrichir et pour s’armer, n’en trouvent pas pour leurs échéances. Or, voici que les Américains nous réclament ce que nous leur devons : comment les payer, si l’Allemagne ne nous paie pas ? Il n’est qu’un moyen d’obtenir ce qu’on nous doit, c’est d’organiser le contrôle des finances allemandes. C’est seulement quand le problème des réparations aura été réglé suivant l’équité que la reconstitution du reste du monde pourra s’en suivre.

Cependant, le Premier britannique a mis en avant l’idée d’une Conférence où les représentants de la France se trouveraient face à face et sur un pied d’égalité avec ceux de l’Allemagne et avec ceux des Soviets, mais d’où les Etats-Unis seront absents.

M. Poincaré, — et il faut l’en louer, — a demandé des précisions et des garanties : les traités et la Société des nations intangibles ; la question des réparations séparée de celle de la reconstitution économique de l’Europe ; enfin, en ce qui concerne la Russie, pas d’immixtion dans la politique des Etats étrangers et paiement des dettes.

Ce sont là d’excellents principes ; seulement, nous savons que les Soviets sont prêts à signer tout ce qu’on voudra, même peut-être à livrer l’administration des ports à la surveillance d’une police internationale, afin d’attirer les industriels et les commerçants, de faire entrer les matières premières et de remettre les usines en marche. « Après cela, disent-ils, nous pourrons toujours les reprendre. »