Page:Revue des Romans (1839).djvu/111

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dans un abîme de fautes ; époux de la seconde, il empoisonne sa destinée ; mais le sentiment qu’il lui inspire est si vrai, qu’en cessant de l’estimer elle l’aime encore. Rien n’est aimable comme la jeune Caroline ; rien n’est estimable comme lady Hélène. En les voyant agir toutes deux, le lecteur est presque dans les mêmes dispositions qu’Osmond, il les préfère alternativement. Cependant Caroline est la plus malheureuse et la plus intéressante ; on suit avec une attention croissante les diverses périodes de ses amours avec Osmond ; on partage sa faiblesse, ses regrets, son désespoir, ses anxiétés ; on la félicite de renoncer à l’hymen de celui qui lui promettait un époux et qui ne lui montre qu’un tyran. Sa fuite à Londres, la découverte des suites d’un moment d’oubli, la naissance de l’enfant à qui elle ne peut donner aucun nom, ses résolutions violentes, ses rencontres avec Osmond, sont des événements tracés avec un talent remarquable. — Cette lecture attache et instruit ; elle pénètre le cœur et éclaire la raison ; elle fait apprécier les suites déplorables des passions mal réprimées, les dangereux écueils contre lesquels viennent échouer, dans le tourbillon du monde, les plus nobles caractères.

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BULWER, romancier anglais du XIXe siècle.


PAUL CLIFFORT, traduit par Cohen, 4 vol. in-12, 1831. — Paul Cliffort est né d’une pauvre prostituée, victime de l’aimable rouerie de deux jeunes seigneurs. Jeté par le hasard dans une taverne d’un des quartiers honteux de Londres, asile habituel de l’écume de sa population, il y passe son enfance ; et aidé d’une intelligence vive, d’un caractère ardent, il profite si bien des leçons et des exemples qu’il a sous les yeux, qu’à quinze ans il est un coquin achevé. Il n’en sort que pour s’attacher à la rédaction d’un journal obscur intitulé l’Asinœum, où son éducation se perfectionne encore. Accusé d’un vol qu’il n’a pas commis, Cliffort est condamné à la réclusion dans une maison de correction où il perd le reste des scrupules honnêtes qu’il avait encore au fond de l’âme, et d’où il sort pour se faire voleur de grands chemins. Toutefois, comme c’est un voleur lettré, il exerce son métier avec distinction, avec de la politesse et de bonnes manières ; il sait toujours dire des choses très-aimables aux gens qu’il dévalise. Paul est un fort bel homme : dans une des ses campagnes, le hasard veut qu’il se montre sous un jour très-avantageux aux yeux d’une jeune personne, fille d’un gentilhomme campagnard, qu’autrefois il aperçut à Londres et dont il devient passionnément épris. Il s’introduit chez ce vieux seigneur, gagne ses bonnes grâces, et au moyen de ses manières élégantes, se fait, pendant toute une saison à Bath,