Page:Revue des Romans (1839).djvu/157

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et il a avec elle une dernière entrevue. Mme de M… avait vu l’amour qu’Aloys avait pour elle, et elle-même l’aimait aussi ; mais elle a cru pouvoir dompter l’amour d’Aloys en le détournant sur sa fille ; elle s’est trop confiée à des calculs de sagesse, que la violence des passions est venue déranger : elle a perdu sa fille et celui qu’elle lui avait destiné. Aloys, après cette funeste explication, quitte l’Italie, vient au mont Saint-Bernard, et s’y fait moine sous le nom de frère Pierre. C’est là qu’il raconte son histoire à un étranger. Quand elle fut finie, il laissa retomber sa tête sur ses mains. En revenant à lui, il fut frappé de l’altération des traits du jeune étranger. « Vous m’avez écouté, dit-il, avec un intérêt peu ordinaire : c’est pour vous montrer qu’on peut être plus malheureux que vous, que je vous ai conté mon histoire. — Je la connaissais, répond le voyageur, vous êtes Aloys. — Vous savez mon nom ! s’écrie le moine en pâlissant. — Vous êtes la cause de tous mes chagrins ! s’écrie l’étranger. Peu de temps après votre disparition, j’épousai Mme de M… qui, depuis, m’a tout avoué : elle vous aimait ! — Qu’est-elle devenue ? interrompit le religieux. — Vous me le demandez, quand je vous dis qu’elle vous aimait !! répond le malheureux d’un air sombre. — Et sa mère ? dit le moine en tremblant. — Elle n’a pu lui survivre… » C’est de cette manière que se termine cette nouvelle, pleine d’un triste et douloureux intérêt.

On connaît encore de Mme  L. Clarke : *Vanina d’Ornano, 2 vol. in-12, 1825.

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CŒURET.


LE ROI DE VÉRONE, in-8, 1837. — Le héros de ce roman est Eccelin III da Romano, l’un des plus féroces tyrans du moyen âge. Il était fils d’Eccelin II, qui, après avoir pris une part active aux luttes des Guelfes et des Gibelins, après avoir ensanglanté Vicence, s’était retiré du monde afin de se livre aux pratiques de la dévotion la plus rigoureuse, vers l’an 1215, laissant à son fils la principauté de Bassano, de Marestica, et de tous les châteaux situés sur les monts Euganéens. La part était belle ; Eccelin la jugea médiocre. Bientôt il parvient à se faire élire podestat de Vérone, s’empare de Padoue et des pays circonvoisins. Ennemi même de l’apparence de la liberté, il ne gouverne que par la violence, la prison et l’échafaud. Les peuples indignés font entendre un cri de désespoir et d’alarme qui retentit jusque dans le palais pontifical d’Alexandre IV. Une croisade est ordonnée par le saint-père contre le despote. Venise, Mantoue, Bologne, se lèvent en armes et vont mettre le siége devant Vérone. Eccelin résiste pendant deux années. Enfin, Milan et Ferrare se déclarent contre lui, et il est