Page:Revue des Romans (1839).djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


dans sa détresse par deux enfants pleins de candeur et de sensibilité, il se cache parmi les ruines d’un vieux château depuis longtemps abandonné, et n’attend plus que de leur amitié sa subsistance journalière. On aime à suivre ce vieillard dans les longs souterrains où il a trouvé un asile contre ses persécuteurs ; on partage son effroi lorsqu’il y rencontre un misérable couvert de sang et près d’expirer, et qu’il reconnaît en lui un de ses plus cruels ennemis ; on voit avec intérêt le proscrit rentrer furtivement dans la maison qui fut la sienne, et dont le père des deux enfants qui ont sauvé ses jours est devenu propriétaire. Le bon vieillard trouve moyen d’acquitter envers ses petits amis la dette de la reconnaissance, en s’exposant au plus grand danger pour secourir leur père dont la vie est menacée. Après ce trait héroïque, la fortune cesse de le persécuter, et recouvrant la meilleure partie de ses biens, il s’empresse d’adopter pour ses héritiers le bon petit George et la douce Henriette.


Séparateur

COIFFIER DE VERSEUX
(Henri L. de), né au château de la Fale, en 1770.


ROMANS DU NORD, imités du russe et du danois, de Karamsin et de Suhm, 3 vol. in-12, 1808. Le premier volume renferme trois ouvrages de Karamsin, et les deux autres cinq de Suhm. — Il ne faut point chercher dans les ouvrages de Karamsin ces entassements d’aventures incroyables, devenues maintenant si communes ; ses plans sont au contraire d’une extrême simplicité. Une femme (Julie) abandonnée par son époux au moment où elle était près de devenir infidèle, et recouvrant ensuite sa tendresse ; la jeune fille d’un boyard (Nathalie) épousant en secret le fils d’un proscrit, et rentrant en grâce avec son père, lorsque son époux a préservé Moscow d’une invasion, forment les sujets des deux premiers romans, qu’on ne lit pas sans plaisir. La jeune Lise est une histoire encore moins compliquée que celle des deux autres héroïnes ; mais ici l’auteur s’élève jusqu’au pathétique. Lise est la fille d’une bonne paysanne des environs de Moscow ; elle se croit aimée d’un jeune seigneur, et se livre, avec toute la candeur de l’innocence, à une passion qui doit causer sa perte ; lorsqu’il n’a plus rien à désirer, il la quitte sous prétexte d’aller à l’armée ; mais Lise le rencontre un jour et apprend qu’il vient de contracter avec une femme vieille et riche un mariage de convenance. Lise, sans espérance, et concevant enfin toute l’horreur de sa situation, se précipite dans un lac pour mettre fin à ses malheurs. — Suhm, dans ses romans, a eu principalement en vue d’offrir à ses compatriotes quelques-uns des traits mâles et prononcés de leurs sauvages con-