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Les bornes de ce recueil ne nous permettent pas d’analyser les cinq romans de Suhm, et nous ne voulons pas d’ailleurs ôter au lecteur ce plaisir qui naît de l’incertitude du dénoûment : c’est donc dans l’ouvrage même qu’il connaîtra et les aventures de la noble Gyrète, et celles de la fière Sigride, et les tragiques catastrophes d’Alsole et de Signée. La cinquième histoire offre peut-être moins d’intérêt que les autres, mais elle est très-remarquable par l’intention qu’avait l’auteur en l’écrivant. Osant penser qu’il pouvait contribuer à détruire chez sa nations et chez les peuples voisins des haines invétérées, Shum a peint un Danois, un Norwégien et un Suédois, qui, pleins d’estime les uns pour les autres, font succéder à l’antipathie nationale une amitié généreuse.

Nous connaissons encore de Coiffier de Verseux : *Testament d’un Émigré, in-12, 1800. — *Ouliana, ou l’Enfant des bois, 2 vol. in-12, 1801. — *Le Chevalier noir, in-18, 1803. — La belle Nièce, in-12, 1805.

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CONSTANT DE REBECQUE
(Benjamin de), né à Lauzanne en 1767, naturalisé Français.


ADOLPHE, anecdote trouvée dans les papiers d’un inconnu, in-12, 1816. — La curiosité sera peu satisfaite si elle exige dans ce roman des événements, des aventures, des péripéties, un grand nombre d’acteurs, et des personnages dont les intérêts se croisent et se compliquent, dont les caractères opposés se combattent et varient à chaque instant la scène. Il n’y a ici que deux personnages, que deux caractères, plus singuliers et bizarres que simples et naturels, plus condamnables qu’intéressants, plus dignes de blâme que de pitié. Le héros du roman, Adolphe, est un jeune homme qui un beau matin prend le parti d’être amoureux, rencontre une femme qui n’est plus jeune, qui a dix ans de plus que lui, et qui est depuis longtemps la maîtresse d’un autre et la mère de deux enfants illégitimes ; il lui déclare une passion qu’il ne ressent point ; mais la résistance qu’il éprouve l’humilie d’abord, l’irrite ensuite, et il prend la révolte de l’amour-propre pour les transports d’un amour véritable ; ses attaques deviennent plus pressantes et plus vives ; la défense est d’abord très-belle, et le roman serait beaucoup plus intéressant si elle se prolongeait davantage, si d’autres personnages venaient remplir la scène, si quelque épisode la variait ; mais dès les premières pages, Éléonore a succombé ; Adolphe ouvre les yeux, voit ce qu’il avait déjà vu, ce qu’il avait un instant oublié : il voit qu’il n’aime pas Éléonore, mais il s’aperçoit en même temps qu’il lui a inspiré une passion violente. Que fera-t-il dans cette situation embarrassante ? Cette femme ne peut faire son bonheur ; l’honneur lui défend de l’é-