Page:Revue des Romans (1839).djvu/243

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chasser, mais les deux jeunes filles, dont ils font bientôt leurs légitimes épouses. Ce cadre est, comme on le voit, assez léger ; aussi n’est-ce point principalement la partie romanesque qui est la plus intéressante. C’est dans les scènes de mer qu’on retrouve Cooper ; c’est sur un navire battu de la tempête, ou perdu dans les écueils, que son talent prend une vive et brillante allure ; c’est quand il peint le mouvement guerrier qui anime le pont à la vue d’une voile ennemie, le courage si impétueux du marin sous la main de fer de la discipline, et son insouciante gaieté après l’orage ; c’est surtout quand il nous montre dans un naufrage ce vieux contre-maître, attaché d’amour au schooner dont il a vu clouer la première planche, fidèle à son ami, quand la dernière va manquer sous ses pieds, et se laissant engloutir par les flots à la vue du rivage où ses compagnons se sont tous sauvés. — Cet ouvrage offre des descriptions remarquables de plusieurs ouragans, d’une horrible tempête, et de quelques combats sur mer ; puis on y trouve des conversations de marins et de militaires, qui offrent un singulier mélange de bravoure, de générosité, d’humeur brusque et parfois grossière, de crédulité superstitieuse et d’orgueilleuse insouciance au milieu des dangers, d’ardeur pour les entreprises hasardeuses et de mépris de la mort ; enfin, ce livre offre des incidents peu variés, et, pour ainsi dire, concentrés sur le même point, mais dont l’intérêt, habilement soutenu, excite la curiosité et attache l’attention du lecteur.

LA PRÉCAUTION, ou le Choix d’un mari, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1825. — La Précaution est un roman de mœurs. Il représente des scènes de famille, et roule entièrement sur le besoin et la difficulté de choisir un bon mari ; le grand nombre de personnages introduits par l’auteur en fait un véritable imbroglio, dont la solution ne repose que sur un changement de nom qui se découvre à la fin.

LYONEL LINCOLN, 4 vol. in-12, 1825. — L’auteur a cherché à nous faire connaître dans ce roman les premiers événements de la guerre qui ont amené l’indépendance des États-Unis de l’Amérique septentrionale. La partie purement historique, écrite par une main impartiale, attache par les peintures des commencements de cette guerre, où les enfants de la même patrie se retrouvèrent tout à coup deux peuples en champ clos, prêts à vider une sanglante querelle ; mais l’un en personne et sur la terre natale, l’autre avec une petite armée à douze cents lieues de son pays. Cette lutte, qui se préparait sourdement, du côté des Anglais par un déploiement insensible de forces militaires, par des fanfaronnades de soldats et des moqueries sur la gravité coloniale ; du côté des Américains, par une réforme silencieuse dans les