Page:Revue des Romans (1839).djvu/373

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se trouvent mêlés les cavaliers verts, dont les annales flamandes nous ont laissé quelques confus souvenirs. On y trouve aussi les souterrains et les honnêtes brigands de l’école anglaise, mystérieuses terreurs dont la puissance est aujourd’hui tout à fait passée.

MÉMOIRES D’UN JEUNE CAVALIER, 2 vol. in-8, 1835. — Henri Masterton est épris d’une jeune fille dont la main est promise à son frère aîné. Mais cet amour il le cache soigneusement au fond de son cœur, il l’ensevelit dans l’ombre et dans le silence jusqu’au moment où il peut le déclarer sans honte et le satisfaire sans crime. — On retrouve dans cette agréable composition l’honnête et chaste inspiration du Ministre de Wakefield, une moralité sincère et sans faste, une précieuse naïveté de sentiments.

Nous connaissons encore de cet auteur : Mémoires de mes créanciers, 2 vol. in-8, 1832. — De l’Orme, histoire du temps de Louis XIII, 2 vol. in-8, 1833. — Les Frères d’armes, 2 vol. in-8, 1833.

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JANIN (Jules), né à Saint-Étienne.


L’ÂNE MORT ET LA FEMME GUILLOTINÉE, 2 vol. in-12, 1832. — Ce roman appartient à ce genre de livres qui, lorsque toutes les émotions simples et naturelles sont ou semblent être épuisées, cherchent à émouvoir, en désespoir de cause, avec des passions étranges, des aventures bizarres, des scènes horribles. L’auteur n’est pas dupe de toutes les horreurs qu’il invente ; il semble s’être dit, dans une boutade de mauvaise humeur satirique : Vous voulez de l’horrible, messieurs ? parbleu, vous en aurez ! Et, de fait, il ne l’a pas épargné. Aussi, à prendre ce livre pour une satire composée pour discréditer les romans horribles, jamais satire ne fut plus gaie, plus ingénieuse ; jamais les défauts d’un genre ne furent plus fidèlement imités, plus spirituellement exagérés pour les faire ressortir. Voyez la scène du charpentier qui construit la guillotine : c’est dans un jardin planté de fleurs ; la jeune fille qu’il aime vient le voir ; il veut lui prendre un baiser, que fait-il ? Il lui explique le jeu de la terrible machine, et, comme elle ne comprend pas, il lui fait prendre en jouant la position du patient ; alors ses mains ne peuvent plus repousser le jeune homme, et il prend le baiser qu’il voulait. Nous citons cette scène à dessein, parce qu’elle nous semble heureusement inventée pour faire la critique d’un des défauts les plus communs de la littérature frénétique. Cette littérature, qui aime à mêler le gracieux et l’horrible, place quelque chose de séduisant et de beau à côté des objets les plus dégoûtants, s’applaudissant beaucoup de faire naître de cette façon deux émotions contraires. L’auteur de l’Âne mort a finement parodié cette manie des contrastes dans sa scène du baiser à la