Page:Revue des Romans (1839).djvu/457

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absous du scandale produit par l’impression d’un ouvrage écrit probablement dans sa jeunesse, et qu’une mort aussi imprévue que terrible ne lui a pas laissé le temps de détruire.

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LAVATER (Louis).


HENRI FAREL, 2 vol. in-8, 1834. — Henri Farel est un jeune Suisse du canton de Glaris, un de ces hommes faibles et indécis, qui ne savent se tenir à rien, que la mollesse de leur âme livre tout entiers à l’inquiétude de leur esprit. Juliette Fœsi avait dans son enfance fait impression sur cette âme de cire où tout s’empreint, puis l’absence l’avait effacée de son cœur, et il s’était mis à aimer Madelaine, belle et bonne fille, point exaltée et médiocrement spirituelle. Henri croit en être amoureux et l’épouse ; mais dès le jour même de son mariage, il s’aperçoit que Madelaine n’a point d’imagination, qu’elle ne comprend pas les belles montagnes d’Appenzel, les beautés du lac de Zurich. Les premiers jours et la première année du mariage d’Henri Farel sont peints avec un rare talent. Madelaine est jalouse ; cette jalousie est insupportable à Henri, qui quitte sa femme pour aller en Alsace. Dans ce beau pays, que M. Lavater peint avec amour, Farel rencontre Mlle  de Wangenheim, âme vive et sensible, coquette, naïve et passionnée ; il y avait entre ces deux personnes trop de rapports pour qu’ils ne s’aimassent pas ; ils s’aimaient donc, et la passion de Farel dura fort longtemps à travers beaucoup de vicissitudes, jusqu’à ce qu’enfin il apprenne que Mlle  de Wangenheim l’a trompé pour un jeune Parisien. Désespéré de se voir supplanté par ce jeune fat, Farel se jette dans les roues d’un moulin et est en même temps broyé et noyé. — Henri Farel est un roman fort distingué, qui sort de la classe des romans ordinaires. L’un des personnages les plus intéressants est celui de Juliette Fœsi, jeune et charmante créature qui aime Henri, qu’elle ne devait pas épouser, qui continue à l’aimer alors même qu’il en aime une autre, qui lui écrit de loin en loin quand Henri a recours à elle comme à son ange gardien, et meurt enfin sans s’être jamais mêlée à la fable du roman, sans s’y montrer que dans le lointain ; touchante apparition qui bientôt s’évanouit dans l’air dont elle avait la pureté et la transparence.

Nous connaissons encore de cet auteur : Le nouveau Candide, 2 vol. in-8, 1835.

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