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Prascovie Lopouloff, qui, vers la fin du règne de Paul Ier, partit du fond de la Sibérie, seule, à pied, presque sans argent, pour venir demander à l’Empereur, dans Saint-Pétersbourg, la grâce de son père, exilé depuis quatorze ans. On sait que Mme  Cottin en a fait une héroïne de roman, sous le nom d’Élisabeth. « La véritable héroïne, dit-elle, est bien au-dessus de la mienne, elle a souffert bien davantage. » Cette véritable héroïne la voici : M. de Maistre a écrit l’histoire de Prascovie d’après son récit même, et il nous fait traverser avec elle les plaines de la Sibérie, les misérables villages semés à de si grandes distances sur cette longue route, les déserts glacés, Ekaterinembourg, les monts Ourals, le Volga, Nijeni-Novogorod, Moscou, enfin Saint-Pétersbourg, où elle trouve, au milieu de toutes ces convenances sociales qu’elle ignore, comme une nouvelle solitude. Dans la Jeune Sibérienne, tous les petits incidents romanesques ont disparu ; il n’y a ici ni scènes d’amour, ni grandes phrases à sentiments, ni mariage obligé : l’histoire, dépouillée de tout cet appareil de convention, est bien plus touchante parce qu’elle est vraie. Il est impossible de n’en pas être ému. Partout une admirable simplicité, nulle part les combinaisons, les calculs d’un auteur ; c’est Prascovie elle-même que l’on croit entendre. Dans Mme  Cottin, Élisabeth épouse le jeune Smoloff, qui la seconde dans ses périlleuses tentatives ; Prascovie, qui n’est pas une héroïne de roman, et qui n’a jamais connu que sa pieuse tendresse, mourut dans un couvent en 1809, des suites de ses longues souffrances. Sa mission était remplie ; elle n’avait vécu que pour sauver son père, et les dangers, l’épuisement, les peines de tout genre, inséparables d’une telle épreuve, rendaient ce dénoûment presque inévitable. L’âme, avec toutes ses espérances, peut bien soutenir une jeune fille durant dix-huit mois d’angoisses et de fatigues ; mais le corps n’a point la force de l’âme, et il succombe en lui obéissant.

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MALARME
(Mlle  Charlotte de Bournon, dame), née à Metz en 1753.


Voici la liste chronologique des ouvrages de cette féconde romancière : Lettres de milady Lindsey, 2 part. in-12, 1780. — Mémoires de Clarence de Weldoné, 2 vol. in-12, 1780. — Le Fripon parvenu, in-12, 1782. — Anna Rose Trée, 2 vol. in-12, 1783. — Histoire d’Eugénie de Bedfort, 2 vol. in-12, 1784. — Richard Bodley, 2 vol. in-12, 1785. — Tout est possible à l’amitié, 2 vol. in-12, 1786. — Lettres de milord Walton à sir Hugh, 2 vol. in-12, 1789. — Milord Elive, 3 vol. in-12. — Les trois Sœurs, 4 vol. in-12, 1795. — Les trois Frères, 2 vol. in-12, 1798. — Théobald Leymour, 3 vol. in-12, 1799. — Miralba, chef de brigands, 2 vol. in-12, 1800. — Plus vrai que vraisemblable, 3 vol. in-12, 1801. — Le Temps passé, 2 vol. in-12, 1801. — Peut-on s’en douter ? 2 vol. in-12, 1802. — Les deux Borgnes, 3 vol. in-12, 1803. — Les trois Gé-