Page:Revue des Romans (1839).djvu/562

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PABAN (Mlle  Gabrielle), née à Lyon le 22 février 1793.


JANE SHORE, 2 vol. in-12, 1824 (publié sous le pseudonyme de Marie d’Heures). — L’histoire de Jane Shore occupe à peine vingt lignes dans les vieilles chroniques, et les événements dont se compose sa vie étaient à peine connus, lorsque le poëte Rowe les amplifia, et prit dans une vieille ballade la marche et le dénoûment de sa pièce. Depuis le succès de Rowe, de modernes historiens s’occupèrent de Jane, discutèrent beaucoup, et on découvrit peu de choses. Cependant, il est un point sur lequel tout le monde est d’accord ; c’est l’extrême beauté de Jane et ses aimables qualités. Dans la tragédie de Rowe, Jane meurt de faim et de douleur, deux ou trois jours après la pénitence publique à laquelle la condamna le cruel Richard III, successeur d’Édouard. Beaucoup d’historiens prétendent, au contraire, qu’elle survécut longtemps à ses malheurs ; c’est cette dernière version qu’a suivie l’auteur du roman. — La première entrevue de Jane et d’Édouard a lieu à la campagne. La jeune épouse du joaillier Shore rencontre Édouard déguisé en chasseur sous les murs de son parc ; elle est loin de se douter que le beau chasseur est un prince ; aussi Édouard ne se fait-il aimer qu’en cachant son rang. Mais quel est l’étonnement de Jane, lorsque, de retour à Londres, elle assiste à l’entrée solennelle du roi, et qu’elle reconnaît son jeune ami dans la personne du monarque. La scène où Jane, séduite par son cœur, cède aux vœux du prince, et abandonne pour lui la maison de son vieil époux, rappelle, sans la copier, celle où Louis XIV triomphe à Chaillot des scrupules de la tendre la Vallière, et l’entraîne avec lui à la cour. Cependant, les événements s’accomplissent ; le roi meurt, la favorite est proscrite, dépouillée, persécutée, puis oubliée. De nouvelles grandeurs s’élèvent et tombent ; d’autres pouvoirs succèdent à ceux qui avaient persécuté Jane ; enfin, quarante années s’étaient écoulées depuis la mort d’Édouard, lorsque un jour lord Henri Dorset, fils d’un des plus ardents défenseurs de Jane, conduisant sa nouvelle épouse dans une terre charmante, autrefois la propriété de l’infortunée favorite, et qui, de confiscation en confiscation, était tombée dans la famille du lord, aperçut, en traversant un village, un groupe de paysans rassemblés autour d’un chanteur public, qui psalmodiait la ballade composée jadis sur les malheurs de Jane Shore. La jeune lady fit arrêter son élégante voiture devant ce groupe, et remarqua bientôt qu’une vieille femme couverte de haillons, et qui était près de là à cueillir des herbes dans un champ, parut émue au second couplet, et tomba évanouie au troisième. Soudain son intérêt s’éveille ; elle s’approche de la vieille, la fait mettre dans sa voiture, et obtient de son mari