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PANIER (Mme Sophie), née Teissier.


*LE PRÊTRE, 4 vol. in-12, 1820. — Le prêtre n’est pas seulement ici le desservant du culte évangélique, c’est l’idéal de la perfection chrétienne, l’apôtre d’une religion de mystère et d’amour. L’ouvrage peut en quelque sorte se diviser en deux parties, d’après les deux situations différentes où se trouve le principal personnage. Dans la première, il a, sans le savoir, allumé au cœur d’une dame de château un amour qui, longtemps comprimé, éclate enfin avec violence, et porte celle qui en est atteinte à faire usage de tous les moyens que peuvent suggérer la passion et le désespoir. Forcé de fuir les poursuites de cette femme, qu’il a vainement tenté de ramener au sentiment de ses devoirs, le prêtre se trouve bientôt exposé à des dangers d’un autre genre. La révolution a éclaté, les ministres du culte sont en butte aux persécutions ; Philippe, c’est le nom du prêtre, les affronte avec courage. Atteint d’une maladie cruelle, des soins inconnus le rappellent à la vie ; mais il n’ouvre les yeux que pour voir celle qui a tout abandonné, tout sacrifié pour venir lui donner cette nouvelle preuve d’amour, se frapper d’un coup de poignard en perdant à jamais l’espérance d’arracher celui qu’elle aime à sa mission. Au moment de mourir, Philippe lui promet par serment de protéger l’émigration d’une jeune orpheline qu’elle laisse exposée à de puissants persécuteurs. Ici commence la seconde partie du roman. Le prêtre, associé malgré lui au sort d’une fille belle et innocente, obligé de partager sa fuite et ses périls, enveloppé dans la même proscription, est entraîné par les charmes et les malheurs de sa douce et tendre compagne, mais il résiste avec courage. Ce n’est pas cependant que le caractère du prêtre ne soit un peu compromis dans la fausse position où l’auteur l’a placé ; mais ce caractère se relève glorieusement dans une dernière épreuve. Philippe unit la main de la jeune fille à celle d’un émigré qui lui fut jadis destiné pour époux, et bénit cette union qui le rend tout entier à sa vocation.

*L’ATHÉE, 2 vol. in-8, 1836. — Dans ce roman, l’auteur a eu pour but de montrer les conséquences funestes de la négation de toute foi. A-t-il réussi ? C’est ce dont il est permis de douter. — D’Olbreuse, fils d’un pair de France, a cultivé avec succès toutes les branches des sciences, et, descendant des sommités de sa caste, il s’est fait peuple pour savoir quelles misères rendaient le peuple si remuant, de quelles luttes se composait la vie de l’homme venu sur terre seul et nu, et tenant tout de lui-même. Dans cette étude expérimentale des choses du monde, l’âme de d’Olbreuse ne perd rien de ce qui constitue l’homme probe, généreux, sensible, bon,