Page:Revue des Romans (1839).djvu/686

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mari, sollicitée par un souverain, que fera Mme de Verrue ? Résistera-t-elle au dépit, à l’amour-propre blessé, à la vanité, à l’amour même que commence à lui inspirer M. de Savoie, dont l’âme est si sensible, les regards si touchants ? L’auteur n’a pas jugé à propos de nous représenter la comtesse au moment critique pour sa vertu ; c’est un trait de délicatesse dont on doit lui savoir gré, et qui ne pouvait appartenir qu’à une femme. Après nous avoir montré un ange, après avoir justifié d’avance à nos yeux tout ce qui pouvait le faire tomber, elle le laisse sur le penchant de sa chute : cette réserve est parfaite ; elle ne déplaira qu’aux vauriens qu’amuse toujours le spectacle d’un ange déchu. — Ce roman est un petit chef-d’œuvre de naturel et de simplicité. Le style a de la grâce, de la douceur, et cette élégance facile qui annonce l’habitude de la bonne société et la connaissance approfondie des convenances.

LÉODGARD DE WALHEIM À LA COUR DE FRÉDÉRIC II, 2 vol. in-12, 1809. — Léodgard offre cette situation délicate et trop peu observée d’un homme d’honneur que la vanité et l’ivresse des sens ont engagé dans une première intrigue, et qui, bientôt après, devenu véritablement amoureux, reconnaît son erreur, rougit de sa faiblesse, mais ne peut ni ne doit rompre ses premiers liens, et, placé ainsi entre un pur amour qui vient de naître et les devoirs que son imprudence lui a imposés, se trouve, pour quelques instants d’un vrai plaisir, privé d’un bonheur vertueux et durable. Les progrès de la passion que ce jeune homme inspire à l’objet de son fatal amour, à la belle Camille, jusqu’alors insensible et coquette, sont peints avec cette vérité et ces nuances si fines qu’il n’appartient surtout qu’aux femmes de bien saisir et de bien exprimer ; seulement on pourrait être fondé à reprocher à l’auteur d’avoir terminé trop brusquement le combat de la vertu et de l’amour dans le cœur de cette superbe Camille ; mais il faut avouer que les suites du rendez-vous qu’elle donne à Léodgard, sans qu’il l’ait demandé, offrent des situations pleines d’intérêt, qui servent merveilleusement à développer le caractère du héros. Il en résulte aussi un contraste très-heureux entre la passion illégitime de Camille et l’innocent amour de Virginie, cet autre objet plus doux et non moins fatal, également destiné à tourmenter le cœur du pauvre Léodgard. — Une morale pure anime toutes les parties de cet ouvrage, où la vertu paraît d’autant plus charmante qu’elle s’y montre dans toute sa modestie.

On a encore de cet auteur : *L’Urne dans la Vallée solitaire (imité de Bilderbeck), 3 vol. in-12, 1806. — Le Duc de Lauzun, 2 vol. in-12, 1807.

Séparateur