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SCARRON (Paul),
né à Paris vers 1610, mort le 14 octobre 1660.


LE ROMAN COMIQUE, 2 parties in-12, 1662-63 ; idem, 3 vol. in-8, 1796. — Il y a dans ce livre beaucoup de gaieté, et même de la bonne. Le caractère de la Rancune est piquant, vrai et bien tracé ; et plusieurs chapitres, entre autres celui des bottes, sont traités fort plaisamment. Le style a du naturel et de la verve : il est même assez pur, et beaucoup plus que celui de tous les autres écrits du même auteur. Le Roman comique, dit la Harpe, est, à proprement parler, tout ce qui reste de Scarron, et ce qui reste de meilleur des romans du dernier siècle.

Il existe deux suites à ce roman, imprimées à la fin du livre dont elles forment la conclusion : cette suite se trouve dans le tome III des Œuvres de l’auteur, avec sept nouvelles tragi-comiques (traduites de l’espagnol) ; mais les continuateurs n’ont pu imiter la simplicité du style antique de Scarron.

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SCHILLER (Jean-Fréd.-Christ.), célèbre littérateur allemand,
né à Murbach (Wurtemberg) le 10 novembre 1759, mort le 9 mai 1805.


ROMANS DE SCHILLER, traduits par M. Pitre-Chevalier, 2 vol. in-8, 1838. — Dans le nombre de ces romans, qui mériteraient mieux le titre de contes ou de nouvelles, le Criminel par honneur perdu, les Amours généreux, le Jeu du destin, le Duc d’Albe, ne sont que des esquisses dont la longueur n’excéderait pas les limites d’un feuilleton ; le Visionnaire seul a quelque étendue, et c’est véritablement le seul qui comporte une analyse.

Le Visionnaire est une énigme dont l’auteur n’a pas donné le mot, mais dans laquelle perce une intention de satire contemporaine et brille une habileté singulière à éveiller l’intérêt, à le suspendre, à le dépister par des contradictions inattendues. Quand Schiller écrivit ce conte, il régnait une épidémie de crédulité aux jongleries de Cagliostro et autres thaumaturges. Schiller voulut attaquer la tendance maladive des esprits, qui, fatigués du doute, se plongeaient dans une foi aveugle. Il supposa un prince dont la magie avait toujours été le rêve : il l’environna des circonstances les plus propres à le convaincre que son rêve pouvait se réaliser. Cependant, le prince hésite, il examine, discute ce qu’il a entendu, ce qu’il a vu : tantôt la balance penche pour le réel, tantôt pour le fantastique. De deux charlatans qui s’entendaient pour le duper, l’un se confesse à lui et lui révèle leurs stratagèmes. Voilà donc le prince sauvé et la magie perdue ! Attendez un peu : la magie se