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tisan, de toutes les petites inquiétudes de femme de la grande reine Élisabeth, et de toutes les douleurs d’amy Robsart, que l’idée d’être l’épouse du premier lord de l’Angleterre rend presque fière des mépris et de la honte qu’elle supporte avec une sorte d’humilité fastueuse. Autour de ces personnages figure Varney, le plus infâme courtisan dont le caractère ait été jamais développé ; c’est lui qui, pour sauver Leicester, passe pour le mari d’Amy Robsart. Amant secret de la femme de son maître, n’ayant pu la séduire, il la fait mourir. Walter Scott le peint d’un seul trait : après que ce Varnay a été fait chevalier, et qu’il a reçu l’accolade de la reine Élisabeth, c’est, dit-il, un serpent qui vient de quitter sa vieille peau pour se revêtir d’un habit doré. Le comte de Sussex, autre favori d’Élisabeth, se montre aussi dans ce roman ; c’est un homme d’État, un intrépide guerrier, sacrifié, comme de raison, à la belle figure de Leicester.

LE PIRATE, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1822. — Après avoir exploré les anciennes traditions de l’Écosse, Walter Scott a placé l’action du Pirate dans le site le plus sauvage de l’Europe, dans les îles Shetland. Le but de son histoire est de faire connaître un événement qui arriva dans les Orcades au commencement du XVIIIe siècle. Un vaisseau appelé la Vengeance, armé de trente canons, et commandé par John Gow, vint aux îles Orcades, où les actes de violence et de pillage commis par l’équipage le firent bientôt reconnaître pour un pirate. On supporta ces maux quelque temps, car les habitants de ces îles éloignées ne possédaient ni armes, ni moyens de résistance. Le capitaine de ces bandits eut l’audace de venir à terre et de donner des bals dans le village de Stromness, où il se concilia l’affection d’une jeune dame qui possédait quelque fortune, et obtint la promesse de sa main, avant que sa véritable profession fût découverte. Un jeune homme courageux forme le dessein de débarrasser le pays de ces flibustiers, et réussit à faire prisonniers tous ces hommes résolus et bien armés, qui furent condamnés et exécutés. — Le Pirate, comme les autres productions du même auteur, se distingue principalement par la vérité frappante avec laquelle il sait représenter les mœurs du pays, et l’époque où il place son action. Transportant le lecteur aux îles Shetland et aux Orcades, vers la fin du XVIIIe siècle, il peint avec son talent ordinaire cette terre aride et dépouillée, sans verdure, sans lumière, couverte d’éternels brouillards, sans cesse battue par les tempêtes et ravagées par les ouragans ; où l’œil ne rencontre de toutes parts qu’un océan sans bornes, des grèves sablonneuses, des roches battues par les flots. Au sein de cette nature si imposante et si terrible, il nous représente,