Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/425

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cadavre ; enfin, de leur prêter assistance, en retour des hommages qu’ils n’ont cessé de lui rendre [1].

Toutefois, ils ne se tinrent point satisfaits de cette démarche auprès de la divinité. Ils voulurent encore consulter la sybille, « celle qui sait tout, » peut-être Aruru. Ils se rendirent donc au palais élevé, demeure favorite de la grande déesse [2], où se trouvait exposée, à la vénération de ses nombreux dévots, son image, — une belle statue, revêtue d’une précieuse chape, la poitrine rehaussée d’une brillante parure, la tête ceinte d’une couronne [3]...

La réponse fut sans doute favorable. Eabani, cependant, ne parut pas complètement rassuré. Son esprit était assailli de noirs pressentiments. On eût dit qu’il sentait sa fin approcher [4].

Aussi, à peine avait-il quitté l’autel de la déesse, qu’il gravit en toute hâte le tertre, où se dressait un temple dédié au dieu Samas. C’est qu’il était en effet, lui, Samas, le promoteur de cette entreprise. Souverain juge des cieux et de la terre, c’est en son nom que Gilgamès exerçait ici-bas les fonctions de haut justicier, de grand redresseur de torts. Samas avait bien vraiment, en cette rencontre, soufflé à Gilgamès sa haine contre Humbaba. Le héros n’avait pas fait autre chose que d’épouser la querelle du dieu. C’est pourquoi, Eabani essaye de dissuader Samas lui-même de ses funestes desseins, persuadé d’avance que s’il parvient

  1. Tab. IV, col. I, l. 14-19.
  2. Tab. IV, col. I, l. 20-28.
  3. Tab. IV, Col. II, l. 3-5. Il s’agit bien ici de la statue d’une déesse. Mais laquelle ? La grande déesse, dont il vient d’être question, ou toute autre divinité ? L’état fragmentaire du morceau ne permet pas de le déterminer.
  4. C’est là du moins ce que paraît signifier cette expression (Tab. IV, col II, l. 6) : qaqqara ipirani « la terre m’a recouvert. »