Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Bientôt la troupe fut au complet. A sa tête s’avançait Gilgamès, le roi puissant, le héros illustre, assisté de son fidèle compagnon, Eabani [1].

Une lutte se préparait, ténébreuse et farouche. Il ne s’agissait, en effet, de rien moins que de surprendre Humbaba, au cœur même de la forêt de cèdres. Or, Humbaba était un ennemi redoutable, et la retraite qu’il s’était choisie, passait pour inaccessible. Déjà fameux par ses exploits, il se haussait encore, aux yeux de la foule, de tout le prestige de l’inconnu. L’imagination aidant, il était devenu une sorte de type légendaire. On le dépeignait sous des couleurs étranges. Sa voix était pareille, disait-on, au rugissement de la tempête ; sa bouche répandait l’iniquité et soufflait la perdition. Préposé, de par le dieu Bel, à la garde de la forêt de cèdres, il était l’effroi et la terreur de toute la contrée. Il était entouré d’un renom sinistre. On racontait que la forêt de cèdres avait été le théâtre de drames mystérieux. On se la montrait de loin avec épouvante. Malheur à qui osait en approcher ! Fatalement, il tombait aux mains de Humbaba... Qu’on rêve d’une forêt merveilleuse, hantée par un monstre, où l’on apercevrait, de ci, de là, pendues aux arbres, en guise de trophées, des têtes de mort... Telle à peu près l’imagination populaire, en sa crédulité, se représentait la forêt de cèdres, séjour de Humbaba [2].

  1. Tab. IV, col. II, l. 35-50. La fin de cette colonne est très obscure. Il y est question de certaine porte réservée, « la porte de la maison familiale, » sur le seuil de laquelle se tient Eabani, tandis que Gilgamès en défend l’entrée, et par où, enfin, il s’échappent tous deux ; et encore, de l’honneur du pays, de la gloire de la contrée. On ne voit pas exactement quel rapport a tout ceci avec ce qui précède. — On ne saurait rien tirer non plus des col. III et IV.
  2. Tab. IV, Col. V, l. 1-40. — Le morceau suivant (tab. IV, col. (?) a) est trop fragmentaire pour qu’on puisse rien en inférer avec certitude.