Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/429

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pourquoi cette fatigue ? Un dieu n’est point passé par ici ? D’où vient donc que je suis tout brûlant de fièvre ? » Et, là-dessus, il se mit à lui raconter, avec détail, le songe qu’il avait eu, — c’était le troisième, — un songe vraiment effroyable : « Tout à coup, un orage a éclaté au-dessus de ma tête... Le ciel grondait, la terre résonnait sourdement ; aux éclairs succédait le tonnerre ; la pluie, une pluie meurtrière, tombait à verse ; la foudre semait partout la désolation, ne laissant, sur son passage, qu’une longue traînée de cendres et de fumée [1].

Longtemps encore, ils allèrent ainsi, tout en devisant [2]... Comme ils approchaient du terme de leur voyage, Gilgamès adressa à Eabani ses dernières exhortations. L’ayant pris à part, il lui défendit de faire grâce. Sus donc à l’ennemi ! Que Humbaba périsse et que sa dépouille soit livrée en pâture aux oiseaux de proie [3] !

Tout à coup, les deux héros s’arrêtèrent : ils touchaient à la lisière du bois. D’abord, ils demeurèrent immobiles, saisis d’étonnement. Ils regardaient, émerveillés, et le cèdre aux branches éployées, et les abords mystérieux de la forêt. Puis, ils firent une première reconnaissance... Voici le sentier où avait coutume de passer Humbaba. La route, ô surprise ! était unie et facile... Contents de leur découverte, de nouveau, Gilgamès et Eabani se prirent à admirer, et la montagne, séjour favori des dieux, sanctuaire d’Irnini,

  1. Tab. IV, col. (?) c, l. 8-20. Les l. 1-8 sont trop mutilées pour qu’on puisse rien en tirer.
  2. Ce fragment (tab. IV, col. (?) c.) se termine sur le récit d’un songe, fait par Eabani à Gilgamès, et le fragment suivant (tab. IV, col. VI) s’ouvre sur un dialogue entre les deux héros.
  3. Tab. IV, Col. VI, l. 30-41.