Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/437

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avait rassemblé la troupe de ses suivantes, les Harimtu et les Samhatu, tout le cortège des prostituées attachées au service de son temple, et conduisait elle-même le deuil du taureau divin [1].

De son côté, Gilgamès ne perdait pas de temps. Aussitôt, il avait convoqué la corporation des artisans, et leur avait commis le soin d’estimer exactement la grosseur des cornes de l’animal. Le résultat de l’expertise surpassa l’attente générale. On ne vit onques cornes de taureau ayant telles dimensions. Leur masse équivalait à une pièce d’uknu [2] de trente mines ; leur épaisseur mesurait un demi-pouce ; ensemble, elles pouvaient contenir six mesures d’huile. L’estimation une fois terminée, Gilgamès fit hommage à son patron, le dieu de Marad, de ces cornes, — deux beaux vases affectés au service du temple, destinés à conserver les saintes huiles. — Il vint lui-même les apporter et les suspendre dans le sanctuaire, comme un gage de sa colère enfin assouvie.

Les deux héros, cette cérémonie une fois accomplie, se purifièrent en lavant leurs mains dans l’Euphrate, puis, s’étant mis en route ; ils se dirigèrent vers Uruk. Bientôt, ils firent leur entrée triomphale dans la ville... Les notables d’Uruk étant venus lui rendre leurs soumissions, Gilgamès, en pleine assemblée, leur adressa cette proclamation : « Qui donc est brave parmi les braves ? qui est fort parmi les forts ? » Une seule voix s’éleva de toutes parts : « Gilgamès est brave parmi les braves ! Gilgamès est fort parmi les forts ! » Gilgamès salué roi par acclamation !... La gloire du héros était élevée à son comble.

  1. Tab. VI, l. 184-186.
  2. Une sorte de pierre précieuse.