Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/523

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couple divin demeurait au loin, sur un rivage fortuné, à « la bouche » des fleuves.

Gilgamès, miné déjà par un mal mystérieux, sans cesse obsédé par l’image de la mort, se mit donc en route aussitôt, pour se rendre auprès de sa Haute Seigneurie, Samas-napistim, fils de Ubara-Marduk, espérant obtenir de lui sa guérison et aussi le secret d’immortalité,

Or, après avoir cheminé tout le long du jour, sur le soir, comme le héros arriva au pied de la montagne, voilà que, tout d’un coup, il se trouva face à face avec des lions. A cette vue, son premier mouvement fut un mouvement de frayeur. Mais ayant jeté vers le dieu Sin cet appel désespéré : « Sauve-moi, ô mon dieu, sauve-moi, » aussitôt il se sentit réconforté. Alors, d’une main saisissant la hache, de l’autre le glaive, il fondit sur les lions. Il frappait de droite et de gauche avec furie.... Dans cette lutte sauvage l’homme vainquit le fauve. Gilgamès, déjà célèbre par tant d’exploits, acquit ainsi le renom de grand chasseur. Désormais, il restera le type du légendaire tueur de lions [1].

À peine sorti victorieux de cette première épreuve, Gilgamès allait en subir une seconde plus redoutable encore. C’était aux abords du mont Masu, ce mont fameux de toute antiquité. Les hommes-scorpions en défendaient l’accès. Placés comme des sphinx, du côté de l’orient et de l’occident, ils gardaient jalousement les portes par où se lève et se couche le soleil, Ces monstres avaient leur légende. Ils avaient pris dans l’imagination populaire des proportions étranges et effroyables. Leur tête, disait-on, touchait la voûte

  1. Tab.IX. Col. I, l.6-18.