Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/235

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la neuvième tablette, dont l’événement capital est la rencontre d’Izdubar avec les hommes-scorpions. Enfin, si le signe du Verseau peut être considéré comme le symbole de la saison pluvieuse, ici encore, l’accord serait frappant d’un tel signe avec le récit du déluge, qui forme l’objet principal de la onzième tablette, et le onzième mois, désigné comme le mois « de la malédiction de la pluie. »

Au système ainsi présenté, à celui de H.C. Rawlinson, A. H. Sayce et Fr. Lenormant comme à celui d’Alf. Jeremias, on a fait une objection : De ce que, a-t-on dit, le poème se trouve inscrit sur douze tablettes, on conclurait à tort qu’il ait été divisé en douze chants. Dans ce cas, en effet, chaque tablette devrait accuser, au début et à la fin, une division nette dans le récit, qui ne se trahit nulle part.

En s’appuyant sur de telles considérations, A. Loisy [1] prétend que Gilgamès doit être regardé comme une personnification solaire, non parce qu’il a accompli douze travaux en rapport avec les douze signes du zodiaque et les douze mois de l’année, mais bien parce que la carrière qu’il a fournie est parallèle, sinon identique, à la révolution annuelle du soleil. En effet, à ses débuts, Gilgamès, le héros solaire, cherche a nouer des relations avec Eabani, l’homme-taureau, symbole du Taureau zodiacal et conclut avec lui une alliance figurée par le signe des Gémeaux. A partir de ce moment, les deux amis courent d’exploits en exploits, jusqu’au jour où survient la mort d’Eabani, de même que le soleil croit en force et en vigueur, depuis le commencement du printemps jusqu’à la fin de l’été. La rencontre de Gilgamès avec les hommes scorpions, qui ne sont pas autre chose, sans doute, que le signe du Scorpion et du Sagittaire

  1. A. Loisy : Les mythes chaldéens de la création et du déluge, p. 66-71.