Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/323

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tumultueuse des sentiments est commandée par une passion maîtresse. Tout au plus pouvons-nous prétendre à y trouver la simple histoire d’un cœur, où se manifestent des idée» et des volontés successives, qui se révèle par à-coup, au fur et à mesure des circonstances. La règle classique,

 
                       Servelur ad imum
Qualis ab incepto processerit et sibi constet,


resta toujours inconnue au génie oriental. Ils ne surent point ces vieux mages, comme les poètes grecs, créer des caractères, grouper des éléments multiples en une harmonieuse unité, mais seulement les juxtaposer et les répartir, pour ainsi dire, par tranches. Aussi, pour saisir dans son relief le caractère de Gilgamès, n’avons-nous qu’à étudier une à une ses manifestations, au cours des diverses péripéties de l’action.

Gilgamès paraît être originaire de Marad, ville de la basse Chaldée. Il appartient à la race des demi-dieux. Dieu humanisé ou bien héros divinisé ? Nous ne saurions le déterminer avec certitude. Toutefois, nous inclinons à croire que Gilgamès est un dieu tombé au rang des héros. Si l’on considère, en effet, que Gilgamès, en même temps qu’il représente l’action solaire, est un personnage historique et un type idéal, on se trouve amené à penser qu’un tel caractère a été créé, suivant cette tendance naturelle de l’esprit, qui porta les primitifs à personnifier les forces de la nature, à transformer des faits physiques en des êtres réels et moraux. Ainsi s’expliquerait la présence, dans une création unique, d’éléments aussi disparates. Quoiqu’il en soit, la filiation divine de Gilgamès est bien authentique. Il était issu d’un père demeuré inconnu et d’une déesse, « sage et connaissant toutes choses, » sans