Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/445

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Plus encore que le fonds d’idées mythologiques, l’écriture, la langue et la versification sont impuissantes à nous fournir un moyen de vérifier la date, même probable, de l’épopée. La copie que nous en possédons, a été transcrite, suivant le type ordinaire des caractères babyloniens et assyriens, par un scribe du temps d’Assurbarnipal. On sait, en outre, que la langue assyro-babylonienne a persisté pendant quarante siècles presque sans subir de variations, de telle sorte que, dans l’état actuel de nos connaissances, la langue de Sargon d’Agadé et de Naram-Sin (vers 3.800 av. J.-C.) ne nous paraît pas différente de celle de Nabonide (538 av. J.-C.) C’est dire que, pour nous, la langue do l’épopée de Gilgamès ressemble à toutes les deux à la fois, et pourrait, par suite, si l’on se fondait sur ce seul criterium, être regardée indifféremment comme une œuvre très ancienne ou relativement récente. Enfin, les règles de la versification, si tant est qu’il y en eût, sont trop inconnues pour que l’on essaye de fonder là-dessus un raisonnement solide.

De telles considérations et d’autres encore que l’on pourrait ajouter [1], assurent à l’épopée de Gilgamès une antiquité vénérable. Tout, en effet, dans ce poème, nous transporte par-delà l’époque historique, telle qu’elle nous est connue par les annales des rois de Babel et d’Assur. La date de la composition d’une telle œuvre ne saurait être placée au-dessous de l’an 2.000 av. J.-C. et il est possible qu’elle doive être reportée encore plus

  1. Ainsi, les observations tirées d’un examen minutieux des cachets-cylindres, où se trouvent reproduites les principales scènes de notre poème. Nous ne les apportons point ici, les réservant pour une étude spéciale.