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REVUE DU PAYS DE CAUX

au service d’intérêts électoraux a hâté le mouvement et il est visible que, maintenant, le pape se montre sensible aux avances Allemandes et prêt à chercher de ce côté l’appui qu’on lui refuse si malencontreusement du nôtre.

Paris-Madrid.

La malheureuse course Paris-Madrid a défrayé trop de chroniques pour qu’il y ait rien à ajouter. Le président du Conseil a parlé et agi sagement en cette circonstance en prenant des mesures immédiates et en prononçant des paroles énergiques de nature à calmer l’émoi de l’opinion — mais en refusant aussi de s’associer à des propositions susceptibles d’entraver l’industrie automobile et de la faire immédiatement passer à l’étranger. Il faut bien se dire, en effet, que cette industrie dont le centre est à Paris gagne de jour en jour au dehors, qu’elle donne du pain à des quantités d’ouvriers, apporte des ressources considérables au trésor, provoque des visites et des achats incessants de la part de clients étrangers nombreux et riches — et que, par conséquent, elle joue un grand rôle dans la vie économique de la nation. Faut-il perdre tout cela parce que des accidents trop nombreux ont eu lieu au cours d’une épreuve analogue à celles qui avaient fort bien réussi entre Paris et Berlin ou Paris et Vienne ? L’emballement des coureurs ne légitimerait nullement celui du législateur ; que celui-ci prenne garde, lui aussi, de se laisser aller à faire du 120 à l’heure. Tout d’abord le départ nocturne et l’immense affluence de spectateurs sont pour beaucoup dans les accidents de la course Paris-Madrid ; ensuite, si bien prises qu’aient été les mesures de police, elles ne paraissent pas avoir été suffisamment uniformes et l’on se demande si c’est aux municipalités à aviser en pareil cas et non point à l’administration centrale ; un seul arrêté vaudrait mieux sans doute que tous ceux, très bien intentionnés mais déplorablement divers, pris par les maires des communes sises sur le parcours ; en troisième lieu, il appert que la foule a commis d’absurdes imprudences et notez qu’il est toujours facile de se tuer quand on ne prend aucune précaution, qu’il s’agisse de chevaux et de bateaux, aussi bien que d’automobiles ou de ballons. Enfin n’oublions pas que l’une des victimes a trouvé la mort précisément par suite d’un scrupuleux détour exécuté dans la crainte d’atteindre