Page:Revue du Pays de Caux n3 mai 1903.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
SUR LES PENTES DU PINCIO ET DU PARNASSE

prêtant, à des préoccupations purement politiques et intéressées ; depuis, le peuple s’y était associé de façon assez significative, mais nous ne connaissions pas encore les sentiments de la petite bourgeoisie, des professeurs, des milieux voués aux professions libérales… Cette fois il n’y a pas à s’y méprendre ; dans ces milieux là le rapprochement est acclamé. Ceci est d’un excellent augure pour la durée de l’entente. Or, nulle entente ne nous est plus nécessaire que celle-là ; il faut que la France soit en rapports amicaux avec sa sœur latine. Hâtons nous d’ajouter que si la consolidation de ces rapports si heureusement rétablis amène le roi Victor Emmanuel à visiter Paris et le président Loubet à lui rendre sa visite, il serait absolument inadmissible que le chef de la République Française négligeât de se rendre au Vatican. Une telle omission ne constituerait pas seulement un scandale de nature à diminuer notre crédit en Europe, mais serait de la part des hommes politiques qui l’imposeraient, un véritable accès de folie furieuse. Il faudrait, d’ailleurs, bien mal connaître nos voisins pour nous imaginer que cet acte de grossier anticléricalisme put leur plaire ; ils sont trop fins et ont trop bien le sentiment des équilibres, ils sont de plus trop foncièrement catholiques pour ne pas craindre une rupture entre la France et le Vatican, rupture qui amènerait forcément une réaction violente… Nous reviendrons sur ce sujet. Il est fort grave.

En quittant Rome, M. Chaumié s’est rendu à Venise où il a assisté à la pose de la première pierre du nouveau campanile. Puis il s’est embarqué pour la Grèce.

La cérémonie qui a eu lieu au milieu des ruines de Delphes est l’une des plus émouvantes qui se puisse concevoir. C’est en somme la remise à la jeune Hellade ressuscitée d’une de ses cités antiques les plus vénérables et les plus illustres, exhumée par le labeur et la richesse des descendants de ces barbares qui jadis l’avaient saccagée. Nous consacrerons à la Grèce antique un des numéros de cette revue ; aussi n’est-il point dans nos intentions d’insister aujourd’hui sur le passé glorieux de Delphes ni sur l’œuvre si complète et si intéressante accomplie par l’école Française d’Athènes. Mais puisque la presse, prodigue d’informations sur le nez de M. Giron ou les trucs de M. Rouchomowsky a fait un silence involontaire sans doute, mais déplorable, autour de ces fêtes de Delphes, il convenait de ne pas les laisser passer sans payer un tribut de juste admiration à ceux dont la science et le