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taires. De même que M. Rothschild possède, non seulement en France, mais dans divers pays du monde, des maisons qui correspondent avec celle où est fixé le siège principal de ses affaires, de même chaque industrie aurait un siège principal et des succursales. Dès lors, plus de concurrence. Entre les divers centres de production appartenant à la même industrie, l’intérêt serait commun, et l’hostilité ruineuse des efforts serait remplacée par leur convergence.

Je n’insisterai pas sur la simplicité de ce mécanisme : elle est évidente. Remarquez, en effet, que chaque atelier, après la première année, se suffisant à lui-même, le rôle du gouvernement se bornerait à surveiller le maintien des rapports de tous les centres de production du même genre, et à empêcher la violation des principes du règlement commun. Il n’est pas aujourd’hui de service public qui ne présente cent fois plus de complication. Transportez-vous pour un instant dans un état de choses où il aurait été loisible à chacun de se charger du port des lettres, et figurez-vous le gouvernement venant dire tout à coup : « À moi, à moi seul le service des postes ! » Que d’objections ! Comment le gouvernement s’y prendra-t-il pour faire parvenir exactement, à l’heure dite, tout ce que 34 millions d’hommes peuvent écrire, chaque jour, à chaque minute du jour, à 34 millions d’hommes ? Et cependant, à part quelques infidélités qui tiennent non pas à la nature du mécanisme, mais à la mauvaise constitution des pouvoirs que nous avons eus jusqu’ici, on sait avec quelle merveilleuse précision se fait le service des postes. Je ne parle pas de notre ordre administratif et de l’engrenage de tous les ressorts qu’il exige. Voyez pourtant quelle est la régularité du mouvement de cette immense machine ! C’est qu’en effet le mode des divisions et des subdivisions fait, comme on dit, marcher tout seul le mécanisme en apparence le plus compliqué. Comment ! faire agir avec ensemble les travailleurs, serait déclaré impossible dans un pays où on voyait, il y a quelques vingt années, un homme animer de sa volonté, faire vivre de sa vie, faire marcher à son pas un million d’hommes ! Il est vrai qu’il s’agissait ici de détruire ! Mais est-il dans la nature des choses, dans la volonté de Dieu, dans le destin providentiel des sociétés, que produire avec ensemble soit impossible, lorsqu’il est si aisé de détruire avec ensemble ? Au reste, les objections tirées des difficultés de l’application ne seraient pas ici sérieuses, je le répète. On demande à l’état de faire, avec les ressources immenses et de tout genre qu’il possède, ce que nous voyons faire aujourd’hui à de simples particuliers.

De la solidarité de tous les travailleurs dans un même atelier, nous avons conclu à la solidarité des ateliers dans une même industrie. Pour compléter le système, il faudrait consacrer la solidarité des industries diverses. C’est pour cela que nous avons déduit de la quotité des béné-