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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/525

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terrain se relève et, en face de l’île Abata, se trouvent les plaines de l’Ébrié situées sur le versant de collines assez élevées et d’un aspect semblable à celle de Dabou. Les villages renferment beaucoup de bœufs dont les habitants ne veulent pas se défaire, bien qu’ils n’en mangent que très-rarement.

J’ai visité successivement chacun des villages de l’Ébrié situés sur le bord de la lagune, et j’ai vu tous les chefs. Je n’ai eu qu’à me louer de l’accueil qui m’a été fait. Les populations, habituées à voir passer l'Archer, ont compris que la présence du bateau à vapeur dans la lagune n’avait rien de menaçant pour elles. J’ai tâché de leur faire entendre que notre désir était de voir les relations augmenter et acquérir toute sécurité. Je leur ai promis que l’huile de palme, dont le pays produit une grande quantité, serait achetée maintenant par nous. Le bateau à vapeur le Grand-Bassam, qu’ils venaient de voir passer, viendrait certainement traiter dans leurs villages, s’il était sûr d’y trouver de l’huile, en échange de ses marchandises. Tous les chefs ont répondu qu’ils avaient le plus grand désir de traiter et qu’ils donneraient autant d’huile qu’on en voudrait. Somme toute, j’ai été très-satisfait du résultat de ma tournée dans un pays dont les naturels ont toujours passé pour farouches et turbulents. Que notre commerce sorte de son atonie et de sa torpeur, et après quelques années de relations fructueuses pour tous, l’Ébrié sera plus soumis et plus réellement français que si on l’avait contraint par la force à nous apporter ses produits.

Blakbota. — Le premier village de l’Ébrié que l’on rencontre, en venant de l’Est, est celui de Blakbota. Le débarcadère est d’un accès facile et l’on peut venir mouiller presque à toucher terre, par 2 mètres. Les cases sont voisines de la plage et forment une rue perpendiculaire à la lagune ; à l’entrée se trouve, de chaque côté, une petite palissade. Il n’y a guère qu’une dizaine de pirogues. Le chef, nommé Ago, est un homme jeune encore, d’un aspect peu attrayant. La population du village est de 400 à 500 âmes.

Une affaire assez sérieuse m’appelait à Blakbota. Un homme du Cap-Coast établi chez les Jack-Jack où il exerçait la profession de tonnelier, avait été engagé par une maison française de Grand-Bassam. En se rendant à ce comptoir, il avait été arrêté par les gens de Blakbota, qui lui avaient enlevé sa pirogue et toutes les marchandises qu’elle contenait.